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Temps de lecture 120 minutes / Lars Buchwald / 10.12.2025

L’histoire cachée derrière chaque serrure

De l’ingéniosité au véritable progrès : l’évolution oubliée des serrures

Parfois, je suis frappé par le fait que nous en savons si peu über les objets qui nous protègent chaque jour. Les serrures que nous utilisons semblent banales. On insère une clé, on ouvre ou on ferme, et c’est tout. Mais derrière chaque serrure se cache une histoire bien plus fascinante qu’on ne l’imaginerait au premier regard. Des personnes qui, il y a des siècles, ont expérimenté, échoué, recommencé, et posé en passant les bases de tout ce que nous connaissons aujourd’hui en matière de serrurerie.

Chaque invention est née d’un problème à résoudre.

Le système de sûreté de Barron. La tentative de Bramah d’empêcher toute attaque en complexifiant la mécanique. Le détecteur de Chubb, qui révélait la présence d’un cambrioleur avant même qu’il ne réussisse quoi que ce soit. On parle de technique, certes, mais ces mécanismes racontent surtout des histoires de méfiance, de créativité et de cette lutte permanente entre protection et attaque.

Et c’est là que tout devient passionnant. Beaucoup de ces anciennes mécaniques existent encore aujourd’hui sous une forme moderne. Certaines faiblesses sont restées. D’autres ont été brillamment corrigées. D’autres encore montrent jusqu’où l’être humain peut aller lorsqu’il veut créer quelque chose de vraiment sûr et fiable.

Si vous voulez comprendre comment ces idées historiques sont devenues ce que nous utilisons aujourd’hui – ou plutôt ce qui est installé dans nos portes – poursuivez votre lecture. Le passé explique bien plus qu’on ne le pense. Et il montre pourquoi notre besoin de sécurité n’a jamais cessé d’évoluer.

1778 – 1805

Entre 1778 et 1805, le monde a changé à une vitesse étonnante. Révolutions, bouleversements, nouvelles idées partout. Et exactement dans cette période, les « nouvelles serrures » ont elles aussi fait un bond en avant.

En 1778, Robert Barron posa le premier jalon avec son système à leviers. En 1784, Joseph Bramah suivit en développant une mécanique conçue pour rendre les attaques presque impossibles. En 1805, Abraham Stansbury introduisit le système à goupilles double effet – une étape supplémentaire importante vers la sécurité moderne.

Tandis que dehors se jouaient des luttes de pouvoir politiques, ces inventeurs travaillaient à quelque chose de durable : tenter de rendre la sécurité plus prévisible et surtout plus compréhensible. Celui qui cherche les racines de la technique de fermeture moderne les trouvera précisément ici.

Robert Barron (1778)

Désignation : Serrure à levier
Catégorie : Serrure à gâchettes
Inventeur : Robert Barron, Angleterre.
Il déposa en 1778 un brevet sous le numéro GB1200. Son principe est encore utilisé aujourd’hui dans de nombreuses serrures de portes et de coffres-forts.

Serrures actuelles de ce type

Types dérivés du principe de Barron :
• Serrures britanniques à levier (mortice locks)
• Serrures de coffres-forts basées sur des leviers – les descendants directs du mécanisme de Barron, largement utilisés aujourd’hui
• Serrures simples pour portes et boîtiers

Lockpicking
• Exploitation de larges tolérances de fabrication ou de mouvements de leviers facilement perceptibles (picking)
• Outils de contournement pour passer outre les éléments mécaniques (bypass / picking)
• Destruction physique directe de la mécanique ou des fixations (destruction)

Risques / Sécurité
Risque élevé : outils destructifs + contournement en cas de mauvaise installation (rapide, efficace, souvent universel).
Risque moyen : manipulation mécanique / méthodes de décodage lorsque les tolérances sont importantes.

Conclusion
Les plus grandes menaces ne viennent pas uniquement de la manipulation, mais surtout de la destruction physique et des faiblesses au niveau de la pose ou du blindage.

Joseph Bramah (1784)

Désignation : Serrure à multiples gâchettes
Inventeur : Joseph Bramah (13 avril 1748 – 9 décembre 1814), inventeur et ingénieur anglais. Il créa en 1784 la serrure dite « Bramah ».

Serrures actuelles de ce type
Types dérivés aujourd’hui du principe à leviers de Bramah :
• Bramah Locks Ltd. (Londres) – fabrique encore des serrures presque identiques au principe original.
• Abus Diskus / Abus Granit Plus / Abloy Protec2
• Cadenas pour motos et cadenas haute sécurité (Kryptonite, Oxford, Trelock) – utilisant des systèmes à wafers ou des mécanismes combinant disques et glissières.

Lockpicking
• Outils destructifs et attaques par levier
• Contournement / bypass en cas de mauvaise installation
• Perçage / fraisage ciblé en l’absence de protection anti-perçage
• Manipulation fine en cas de mauvaise qualité de fabrication (picking)
• Attaques électroniques — si une électronique est intégrée

Risques / Sécurité
Risque élevé : destruction (marteau, burin, meuleuse)
Bypass / contournement (attaque du blindage ou du cadre)
Risque moyen : perçage ciblé / fraisage / extraction / arrachement
Risque faible : manipulation fine / décodage

Conclusion
Même une serrure simple peut être très résistante si tolérances, traitement et montage sont maîtrisés. Le principal danger reste la destruction brutale. Les serrures à wafers radiaux et à disques sont extrêmement précises, mais vulnérables aux attaques physiques si elles ne disposent pas d’une protection anti-perçage ou anti-levier.

Abraham (Abe) Ogier Stansbury (1805)

Désignation : Serrure à goupilles double action
Inventeur : Abraham O. Stansbury obtient en 1807 le brevet d’une serrure à goupilles à double action (« double-acting pin tumbler lock »). Les goupilles devaient être alignées correctement des deux côtés en même temps, offrant ainsi une meilleure protection contre la manipulation que les premiers systèmes à goupilles simples.

Serrures actuelles de ce type
Stansbury est considéré comme un précurseur des systèmes modernes à goupilles, même si leur forme actuelle fut perfectionnée plus tard par Linus Yale Jr. Il n’existe plus de serrures Stansbury directes, mais son principe se retrouve aujourd’hui dans :
• des variantes spéciales de noyaux à double goupillage
• des goupilles opposées ou des mécanismes bilatéraux dans des profils complexes
• des cylindres haute sécurité combinant plusieurs niveaux ou directions de mouvement des goupilles

Lockpicking
• Exploitation des grandes tolérances de fabrication
Les goupilles n’étaient souvent pas parfaitement symétriques et les deux plans d’action pouvaient parfois être manipulés l’un après l’autre au lieu d’être simultanés.
• Feedback mécanique (léger déplacement, blocage, friction) pour reconnaître quelle partie était déjà en position.
• Usure
Avec le temps apparaissaient de petits jeux, réduisant de fait la difficulté de la double action à une action simple.

Risques / Sécurité
Risque élevé : destruction (marteau, burin, meuleuse) – contournement (attaque du blindage / cadre)
Risque moyen : perçage ciblé / fraisage / traction / arrachement
Risque faible : manipulation fine

Conclusion
Le système à goupilles double action était une avancée majeure, mais n’est plus un mécanisme de haute sécurité au regard des standards actuels. Sa force résidait dans l’exigence de synchronisation des deux côtés – efficace contre les outils primitifs de l’époque, mais aujourd’hui largement dépassée.

1818 – 1857

Entre 1818 et 1857, la notion de sécurité a été repensée. Industrialisation, expérimentations techniques, croissance rapide des villes : tout devenait komplexer, y compris les méthodes pour attaquer ou contourner des serrures. Dans cet environnement, les idées des inventeurs foisonnaient. La sécurité devait mieux werden. En 1818, Jeremiah Chubb présenta sa serrure à détecteur : un mécanisme qui non seulement rendait la manipulation plus difficile, mais qui la révélait et la rendait reconnaissable. Une idée brillante à une époque où outils et savoir circulaient de plus en plus facilement.

En 1829 suivit Alexandre Fichet avec sa serrure à pompe, radicalement différente, précise et en avance sur son temps. En 1857, James Sargent posa un jalon aux États-Unis avec sa technologie de combinaison et ouvrit la voie à une nouvelle ère de sécurité mécanique. Ces années marquent le moment où les serrures ne se contentent plus de réagir, mais commencent à surveiller et à contrôler activement. Une évolution qui montre clairement à quel point technique et changements sociétaux sont étroitement liés.

Jeremiah Chubb (1818)

Désignation : Serrure à détecteur (serrure à plusieurs leviers)
Catégorie :
Inventeur : Jeremiah Chubb développa une serrure à leviers multiples avec mécanisme détecteur intégré. L’élément clé : si quelqu’un tentait de manipuler les leviers, la serrure déclenchait automatiquement un « état de détection ». Le pêne devenait alors immobile – même avec la bonne clé – jusqu’à ce que le propriétaire réinitialise la serrure. Ainsi, la manipulation n’était pas seulement rendue difficile, elle devenait visible.

Serrures actuelles de ce type 
Le système de Chubb est un précurseur direct des serrures modernes à leviers multiples (Lever Locks). De nombreux verrous de coffres-forts haut de gamme reposent encore aujourd’hui partiellement sur ce principe.

Lockpicking
• Exploitation des tolérances de fabrication Les premiers modèles Chubb présentaient parfois des tolérances mécaniques plus importantes : certains leviers réagissaient légèrement différemment. Avec les variations de série, on pouvait parfois identifier quelle plaque donnait un premier contact. Cela réduisait la sécurité réelle, car l’attaque n’était plus un mouvement uniforme.
• Retour mécanique Malgré le détecteur, certains modèles donnaient des retours subtils : légers points de blocage microscopiques jeux schémas de frottement sur les plaques de levée
• Usure au fil des années

Risque / Sécurité
Risque élevé : attaques destructives avec marteau / burin / outils à percussion meuleuse / outils de coupe arrachement du boîtier
Risque moyen : attaques partiellement destructives via perçage du paquet de leviers (sans barrière en carbure) fraisage du boîtier ou du canal du pêne traction / arrachement si la serrure est mal protégée
Risque faible : manipulation fine

Constats
La serrure à détecteur de Chubb fut l’un des mécanismes anti-manipulation les plus efficaces de son époque. Son avantage majeur n’était pas seulement de rendre la manipulation difficile, mais de la détecter et de la rendre immédiatement visible. Ses faiblesses proviennent surtout d’attaques destructives ou semi-destructives, beaucoup moins de la manipulation mécanique fine. L’usure ou les tolérances peuvent réduire l’efficacité du système avec le temps, mais à l’état neuf, il s’agissait d’un mécanisme exceptionnellement robuste.

Alexandre Fichet (1829)

Désignation : Serrure à pompe
Inventeur : Alexandre Fichet développa en 1829 la serrure dite « à pompe », un mécanisme qui se distinguait nettement des serrures à goupilles et à leviers utilisées jusque-là. La clé travaillait axialement, sans rotation : elle était introduite comme un piston (« pompe ») et poussait simultanément plusieurs goupilles disposées radialement dans la bonne position. Grâce à ce principe de fonctionnement linéaire, la serrure était nettement plus difficile à manipuler de façon intuitive et offrait, pour l’époque, un niveau de protection exceptionnel.

Serrures actuelles de ce type 
Les cylindres à pompe modernes sont encore utilisés en France, notamment dans la protection haut de gamme des logements et des bâtiments. Les versions actuelles possèdent plusieurs rangées de goupilles, des matériaux trempés, une protection anti-perçage, des profils de clé codés et des variantes complexes du mécanisme de pompe d’origine. Certains cylindres de haute sécurité spécialisés utilisent également des systèmes à fonctionnement axial, basés sur le concept de Fichet mais techniquement fortement perfectionnés.

Lockpicking
• Exploitation des tolérances de fabrication Les premières serrures à pompe présentaient parfois :
• des différences de résistance entre les goupilles, de légères divergences dans les guidages axiaux, des variations de hauteur sur certains éléments de piston.
• Retour mécanique Bien que le mécanisme ait été pensé comme un système « tout ou rien », certains modèles montraient des points de blocage perceptibles, des duretés de ressort différentes et de légers crans lors de la poussée.
• Usure au fil des années en service

Risque / Sécurité
Risque le plus élevé : attaques destructives avec marteau / burin / outils de frappe massifs, meuleuse d’angle / outils de tronçonnage, arrachement ou ouverture forcée du boîtier de serrure.
Risque moyen : attaques partiellement destructives perçage du noyau axial de goupilles (possible sur les modèles historiques), fraisage de la plaque frontale ou de zones du boîtier, traction ou arrachement en cas de montage faible sur la porte.
Risque faible : manipulation fine Palpage axial de goupilles individuelles, variations de pression pour détecter les ressorts, décodage via l’usure.

Constats
La serrure à pompe de Fichet fut une rupture radicale avec les concepts de serrures traditionnels et fut la première à utiliser un système multi-goupilles axial et simultané. Elle offrait ainsi une résistance à la manipulation exceptionnelle et resta longtemps une marque de fabrique de la sécurité française. Ses faiblesses tiennent surtout aux matériaux, à la fabrication et au vieillissement, beaucoup moins au principe de base. Les serrures à pompe modernes reprennent toujours ce concept et comptent parmi les solutions de haute sécurité les plus techniques dans le domaine résidentiel et tertiaire.

Linus Yale Sr. (1843)

Désignation : Serrure à combinaison
Inventeur : Linus Yale Sr. développa en 1843 l’une des premières formes précises de serrure à combinaison mécanique fonctionnant sans clé. Le mécanisme reposait sur des disques rotatifs devant être amenés dans une position exacte. Ce n’est que lorsque tous les disques atteignaient la bonne position que leurs ouvertures formaient une ligne, permettant la libération du mécanisme de verrouillage. Cette évolution était révolutionnaire pour l’époque, car elle offrait :
- une utilisation sans clé
- une variabilité plus élevée
- et une protection nettement améliorée contre les manipulations brutales. L’invention de Yale fut un précurseur des serrures à combinaison de coffres-forts modernes et marqua la transition entre les mécanismes purement mécaniques à clé et des systèmes de verrouillage « intelligents ».

Serrures actuelles de ce type 
Les serrures mécaniques de coffre-fort de haute qualité reposent toujours sur le principe de Yale, mais dans une forme fortement optimisée. Elles disposent aujourd’hui de disques usinés avec précision, de « gates » (fenêtres) difficiles à manipuler, de pistes anti-retour, d’axes trempés et de boîtiers renforcés. La plupart des fabricants renommés de coffres (S&G, La Gard, Kaba-Mas, etc.) utilisent des concepts directement issus du système de Yale. La serrure à combinaison de Yale n’est pas une curiosité historique disparue, mais l’un des systèmes de verrouillage les plus perfectionnés au monde.

Lockpicking
• Exploitation des tolérances de fabrication Les serrures à combinaison de cette époque souffraient parfois de :
- espacements irréguliers entre les disques
- légères variations dans la profondeur des disques
- jeu dans les guidages de l’axe Ces tolérances pouvaient amener certains disques à donner un retour plus tôt que d’autres, permettant de déterminer théoriquement la combinaison.
• Retour mécanique Les premiers systèmes à disques pouvaient présenter un comportement perceptible, par exemple :
- un léger « enclenchement » à l’arrivée sur la position de la fenêtre (gate)
- des variations minimales de couple
- des différences de frottement entre les disques et le cliquet de retenue Un attaquant expérimenté pouvait utiliser ces signaux pour restreindre progressivement la bonne valeur.

• Usure en service Une utilisation régulière entraînait :
- des fenêtres de disques ovalisées ou élargies
- des arêtes de contact polies
- un jeu accru dans la mécanique de l’axe Cette usure facilitait la détection de la bonne position des disques, le mécanisme offrant alors des retours plus marqués qu’à l’état neuf.

Risque / Sécurité
Risque le plus élevé : attaques destructives avec violence sur le boîtier levier ou ouverture forcée de la caisse du coffre, outils de coupe / meuleuse d’angle, contournement par l’environnement : attaque sur la porte ou le cadre plutôt que sur le mécanisme.
Risque moyen : attaques partiellement destructives ciblées, par ex. perçage de l’axe ou du paquet de disques (possible seulement si aucun bloc en carbure n’est présent), fraisage de la face avant du boîtier, retrait ou arrachement de la zone du verrou en cas de construction faible.
Risque faible : manipulation fine rotation progressive et écoute des disques, palpation des points de chute (recherche des gates), décodage via l’usure ou les tolérances.

Constats
Avec sa serrure à combinaison, Linus Yale Sr. posa les bases de toute la technique moderne du coffre-fort. Le mécanisme remplaça la clé classique par un système de disques à chiffres variables, non seulement plus résistant à la manipulation, mais aussi bien plus flexible. Les points faibles des anciens modèles se situent principalement dans les tolérances de fabrication et l’usure – beaucoup moins dans le principe lui-même. Les versions modernes sont considérées dans le monde entier comme des solutions de haute sécurité fiables et sont encore produites aujourd’hui selon cette idée de base.

Alfred Charles Hobbs (1851)

Désignation : Serrure Chubb
Alfred Charles Hobbs : Alfred Charles Hobbs devint mondialement célèbre en 1851 à l’Exposition universelle de Londres, lorsqu’il réussit à manipuler la serrure à détecteur Chubb, jusqu’alors considérée comme « inviolable » – un modèle tenu pour la construction britannique la plus sûre depuis plus de 30 ans. Point important : Hobbs n’inventa pas sa propre serrure, mais il montra pour la première fois publiquement comment vaincre le complexe mécanisme Chubb sans déclencher définitivement le détecteur. Son travail est considéré comme un jalon, car il prouva que même les meilleurs systèmes ne sont pas « impickables » dès lors qu’on les comprend suffisamment en profondeur. Il déclencha ainsi une nouvelle ère dans la réflexion sur la sécurité.

Lockpicking
• Exploitation des tolérances de fabrication Hobbs comprit que les premières serrures Chubb :
- présentaient de légères différences de hauteur entre les leviers,
- montraient de petites variations de force des ressorts,
- offraient un jeu minimal entre les plaques de levée et le pêne.
• Retour mécanique Malgré le détecteur, la serrure donnait des signaux subtils :
- léger mouvement de certains leviers,
- points de blocage juste avant la bonne hauteur,
- variations minimes de frottement.
Ces « micro-feedbacks » indiquaient à Hobbs quel levier se trouvait déjà proche de sa position cible. Il pouvait ainsi contourner le détecteur en exécutant les mouvements critiques avec un contrôle extrêmement fin.

Constats
En 1851, Hobbs démontra que même les systèmes de verrouillage les plus complexes possèdent des faiblesses lorsque tolérances de fabrication, usure et retour mécanique se conjuguent. Sa performance déclencha une révolution technologique et contraignit les fabricants du monde entier à des constructions plus précises et plus résistantes à la manipulation. Le principe Chubb perdure aujourd’hui dans les serrures à leviers modernes – mais avec des standards de sécurité nettement plus élevés, qui ont largement éliminé les points d’attaque historiques exploités par Hobbs.

James Sargent (1857)

Désignation : Serrure à combinaison re-codable
Inventeur : James Sargent développa en 1857 la première serrure à combinaison re-codable (« changeable combination lock »). Ce fut un jalon de la technique des coffres, car l’utilisateur pouvait modifier lui-même la combinaison, sans démonter le mécanisme ni remplacer la serrure. Sargent résolut ainsi plusieurs problèmes à la fois :
- les combinaisons volées ou observées pouvaient être immédiatement changées,
- les politiques de sécurité pouvaient être appliquées avec souplesse,
- les coffres devenaient bien plus difficiles à compromettre durablement.
Le principe repose, comme chez Yale Sr., sur des disques (wheels), avec une extension décisive : les disques pouvaient être re-codés au moyen d’un mécanisme interne. Sargent posa ainsi les bases de toutes les serrures de coffre-fort professionnelles modernes.

Serrures actuelles de ce type 
Les descendants modernes utilisent toujours le principe de Sargent :
- S&G (Sargent & Greenleaf, l’entreprise de l’inventeur),
- LaGard, - Kaba-Mas,
- et d’autres fabricants de coffres-forts dans le monde.
La serrure mécanique à combinaison re-codable reste le standard pour :
- les coffres bancaires,
- les armoires fortes pour armes,
- les conteneurs de haute sécurité,
- les coffres industriels. Les modèles actuels disposent de :
- géométries de disques résistantes à la manipulation,
- composants en acier trempé,
- éléments anti-perçage et anti-fraisage,
- systèmes d’axes usinés avec haute précision.

Lockpicking
• Exploitation des tolérances de fabrication Les premiers modèles Sargent présentaient parfois :
- des espacements irréguliers entre les disques,
- des profondeurs de fenêtres (gates) différentes,
- un léger jeu dans le palier de l’axe.
Cela pouvait conduire à ce qu’un disque fournisse déjà un retour avant que les autres ne soient correctement alignés, ce qui facilitait la réduction de l’espace de recherche de la combinaison.
• Retour mécanique Comme toutes les premières serrures à combinaison, les modèles Sargent offraient :
- un « enclenchement » net du levier de blocage au bon gate,
- des différences perceptibles de frottement et de couple,
- de petites micro-pauses lors du passage sur la zone du gate.
Un manipulateur expérimenté pouvait exploiter ces signaux pour déterminer la combinaison de manière systématique.
• Usure en service Avec le temps, des effets d’usure typiques sont apparus :
- fenêtres (gates) usées,
- arêtes plus arrondies,
- jeu accru entre les disques et l’axe.

Risque / Sécurité
Risque le plus élevé : attaques destructives découpe ou ouverture forcée de l’enceinte du coffre, meuleuse d’angle, outils de coupe, forets (contre la caisse, non contre la mécanique), attaque sur le cadre ou la ferrure plutôt que sur le mécanisme.
Risque moyen : attaques partiellement destructives ciblées, par ex. perçage jusqu’à l’axe des disques (seulement possible sur des modèles historiques sans carbure), fraisage ou enlèvement ponctuel de matière sur la face avant de la serrure, arrachement de plaques de coffre mal montées.
Risque faible : manipulation fine, par exemple : écoute du paquet de disques, détection de points de chute, décodage systématique via les retours mécaniques, exploitation de l’usure ou des tolérances.

Constats
La serrure à combinaison re-codable de Sargent fut l’une des inventions les plus importantes de la technique des coffres. Elle combinait variabilité, protection contre la manipulation et praticité d’une manière qui fait toujours référence aujourd’hui. Ses faiblesses historiques tenaient moins au concept qu’aux matériaux, à la fabrication et à l’usure. Les versions modernes font des serrures à combinaison de type Sargent certains des systèmes de sécurité mécaniques les plus fiables au monde.

Karl Höller (1857)

Désignation : Serrure à goupilles
Inventeur : Karl Höller fit breveter en 1857 une forme perfectionnée de serrure à goupilles, qui se distinguait nettement des constructions simples antérieures. Son mécanisme utilisait plusieurs paires de goupilles superposées (goupilles de conducteur et goupilles de clé), qu’une clé adaptée devait amener exactement sur la ligne de césure. Les nouveautés de Höller étaient surtout :
- un guidage plus précis des goupilles,
- une mécanique de ressort améliorée,
- une construction plus compacte,
- une meilleure répétabilité dans le processus de fabrication, ce qui faisait de cette serrure l’un des systèmes à goupilles les plus fiables de son époque.
Le concept de Höller fut une étape importante vers les cylindres de haute précision ultérieurs – y compris le développement de Yale (Linus Yale Jr., 1861).

Serrures actuelles de ce type 
Le mécanisme de Höller fut le précurseur direct des cylindres modernes à goupilles (pin tumbler). Successeurs actuels :
• Les cylindres ronds et profilés du monde entier reposent sur le principe de base de Höller.
• Les variantes modernes possèdent des éléments de sécurité supplémentaires :
- goupilles de sécurité (goupilles bobines, champignons, goupilles crantées),
- éléments anti-perçage,
- goupilles et zones de boîtier trempées,
- profils de clé complexes.
Le cylindre Yale (à partir de 1861) est souvent considéré comme une évolution directe.

Lockpicking
• Exploitation des tolérances de fabrication Le système de Höller n’était pas exempt de variations de production :
- petites différences de hauteur entre les goupilles,
- jeu latéral dans le canal de goupilles,
- légères variations de longueur et de dureté des ressorts,
- ajustements inégaux entre le noyau et le boîtier.
Ces tolérances amenaient certains goupilles à donner un retour plus tôt, ce qui permettait un réglage sélectif au lieu d’un levage synchronisé.
• Retour mécanique Comme pour beaucoup de premiers systèmes à goupilles, un comportement mécanique perceptible apparaissait :
- sensation de blocage juste avant la bonne position,
- petits points de retenue lors du levage,
- changements de couple lors de l’activation de goupilles individuelles.
Un manipulateur expérimenté pouvait en déduire quelles goupilles étaient déjà « posées ». Cela rendait la serrure plus précise, mais aussi mécaniquement « lisible ».

Risque / Sécurité
Risque le plus élevé : attaques destructives : marteau, burin, violence brute contre le cylindre ou la ferrure, meuleuse ou outils de tronçonnage, attaques sur le cadre / la ferrure comme contournement.
Risque moyen : interventions partiellement destructives ciblées : perçage des canaux de goupilles (facile sur les modèles historiques sans inserts en carbure), fraisage ou enlèvement ponctuel de matière sur le boîtier, extraction ou arrachement de cylindres non protégés.
Risque faible : manipulation fine : levage sélectif de goupilles individuelles, lecture via les variations de couple, décodage à partir de l’usure et des tolérances.

Constats
La serrure à goupilles de Karl Höller fut un jalon important dans la technique de verrouillage. Elle associait construction compacte et haute précision et posa les bases de tous les cylindres modernes. Ses faiblesses – comme pour tous les systèmes de l’époque – résident dans les tolérances, le retour mécanique et l’usure. Malgré cela, le mécanisme de Höller était en avance sur son temps et demeure, comme concept, le principe standard mondial de la technique de fermeture des portes.

1861 – 1878

Entre 1861 et 1878, de nouvelles serrures virent le jour dans une période marquée par des bonds technologiques. Les États-Unis étaient en pleine guerre de Sécession, l’Europe modernisait ses infrastructures et partout on cherchait des moyens de mieux protéger les valeurs.
En 1861, James Sargent présenta sa serrure à temporisation et combinaison – un mécanisme qui rendait la sécurité planifiable et offrait de nouvelles possibilités aux banques. Quelques années plus tard, en 1865, Linus Yale Jr. perfectionna la serrure à goupilles et lança un concept que l’on retrouve encore aujourd’hui dans des millions de portes. En 1878, Sargent revint à la charge et introduisit des techniques de combinaison améliorées, qui rendaient la manipulation encore plus difficile.
Cette période montre clairement à quel point les évolutions techniques réagissent à la pression de la société. Le monde réclamait des systèmes fiables, et les inventeurs ont répondu présent.

Linus Yale Jr. (1861)

Désignation : Cylindre rond à quatre goupilles

Inventeur : En 1861, Linus Yale Jr. met au point le cylindre rond à quatre goupilles, devenu plus tard le modèle de base de presque tous les cylindres modernes, qu’ils soient européens ou ronds. Sa conception repose sur :
– un noyau cylindrique tournant dans son logement,
– quatre paires de goupilles (clé / contre-goupilles) guidées avec précision,
– un profil de clé fraisé spécialement pour ce mécanisme,
– une forme compacte, reproductible industriellement à grande précision.
Le système de Yale était plus petit, plus précis, plus sûr et plus standardisable que tout ce qui existait auparavant. C’est ainsi qu’il est devenu le « père du cylindre moderne ».

Serrures actuelles de ce type
Ce que Yale Jr. a inventé constitue le principe fondateur du cylindre à goupilles moderne. On le retrouve aujourd’hui dans :
– les cylindres européens classiques,
– les cylindres ronds utilisés aux États-Unis, en Asie et dans l’industrie,
– les cylindres de sécurité et haute sécurité de tous les fabricants majeurs,
– les variantes à 5, 6, 7 goupilles ou plus,
– les versions équipées de goupilles de sécurité (spool, champignon, serrated),
– les versions anti-perçage, anti-arrachement, anti-snap.
Le principe Yale est devenu la norme mondiale et le système de serrure le plus répandu au monde.

Lockpicking
• Exploitation des tolérances de fabrication Même les premiers cylindres Yale présentaient des variations naturelles :
– légères différences de hauteur entre les goupilles,
– jeu latéral entre le noyau et le corps,
– ressorts de dureté variable,
– friction inégale dans les chambres de goupilles.
Ces tolérances faisaient que les goupilles réagissaient l’une après l’autre, permettant une manipulation sélective.

• Retour mécanique Le cylindre Yale est célèbre pour son feedback très net, surtout dans les premières versions :
– sensation de « mise en place » lors de l’alignement à la ligne de césure,
– léger mouvement du noyau après chaque goupille correctement positionnée,
– variations de couple en fonction des points de friction.
Ce retour rendait le mécanisme précis… mais aussi « lisible » pour un manipulateur expérimenté.

• Usure dans le temps Avec l’usage apparaissent :
– chambres de goupilles polies,
– ressorts affaiblis,
– têtes de goupilles usées,
– augmentation du jeu du noyau.
Ces effets rendent le cylindre plus lisible, car le feedback devient plus évident.

Risques / Sécurité
Risque élevé : attaques destructives – marteau, burin, violence sur la garniture,
– meuleuse / disqueuse,
– attaque du bâti de porte (bypass structurel).

Risque moyen : attaques partiellement destructives – perçage des chambres de goupilles sur anciens modèles sans pastilles en acier trempé,
– fraisage ou enlèvement local de matière,
– extraction / arrachement du cylindre non protégé.

Risque faible : manipulation fine – levée sélective des goupilles,
– lecture via variations de couple et points de mise en place,
– décodage via usure ou jeu mécanique.

Conclusion
Linus Yale Jr. a posé les fondations de la serrurerie moderne. Son cylindre à quatre goupilles était précis, fiable, compact et facilement industrialisable – des qualités qui en ont fait un standard mondial encore dominant aujourd’hui. Ses faiblesses résident moins dans le concept que dans les tolérances de fabrication, le feedback mécanique et l’usure naturelle. Les versions modernes ont largement corrigé ces points tout en conservant l’idée d’origine, toujours aussi solide.

James Sargent (1873)

Désignation : serrure à temporisation

Inventeur : James Sargent développa l’une des premières serrures mécaniques à temporisation, un système de sécurité qui ne permettait l’ouverture d’un coffre-fort que dans une plage horaire définie – indépendamment du fait que la clé, la combinaison ou le code d’accès soient connus.

Le principe essentiel reposait sur :

  • un mécanisme d’horlogerie précis à ressort,
  • couplé à un dispositif de blocage qui ne libérait le pêne qu’une fois le temps prédéfini écoulé,
  • plusieurs mouvements horaires (souvent 2 à 3) pour créer une redondance.

L’objectif : empêcher les braquages, les complicités internes et les ouvertures sous contrainte – même lorsqu’un malfaiteur menaçait le gardien du coffre. La serrure à temporisation de Sargent devint rapidement un standard international pour les banques, les transports de fonds et les zones de haute sécurité.

Serrures actuelles de ce type
Les serrures à temporisation sont aujourd’hui encore la norme pour :
– coffres de banque
– distributeurs automatiques de billets
– véhicules de transport de valeurs
– coffres de haute sécurité
– systèmes de gestion de fonds

Les versions modernes combinent souvent :
– programmation numérique
– mouvements horaires redondants
– boîtiers anti-manipulation
– protocoles automatiques de verrouillage
– temporisation d’ouverture (time delay)

De nombreux fabricants (S&G, Kaba-Mas, LaGard, etc.) produisent encore des serrures mécaniques et électroniques basées directement sur le principe établi par Sargent.

Lockpicking
• Exploitation des tolérances de fabrication
Les premières serrures à temporisation présentaient parfois :
– des irrégularités dans la précision de marche des mouvements d’horlogerie
– des tolérances dans les mécanismes de couplage
– de légères variations dans les ressorts de rappel Ces éléments pouvaient provoquer des dysfonctionnements, mais n’offraient aucune possibilité réelle de manipulation.

• Retour mécanique
Une serrure à temporisation ne fournit pratiquement aucun retour exploitable :
– aucun couple
– aucun point d’accroche
– aucun signal mécanique interprétable L’horloge fonctionne indépendamment de l’attaquant. Seul le tic-tac est audible – sans valeur informative.

• Usure en utilisation
Avec le temps, on observe :
– une perte de précision
– un tic-tac plus fort ou plus irrégulier
– une augmentation des frictions Cela rend la serrure moins fiable, mais pas plus vulnérable.

Risques / Sécurité
Risque maximal : attaques destructives
– forcer le coffre
– outils de découpe, chalumeaux, forets
– attaques contre le cadre ou la paroi plutôt que contre le mécanisme → La serrure elle-même est extrêmement robuste – le coffre constitue presque toujours le point faible.

Risque moyen : attaques partiellement destructives
– perçage jusqu’à la serrure (historiquement possible, mais extrêmement difficile)
– fraisage du boîtier
– arrachement de la plaque de fixation en cas de mauvaise construction

Faible risque : manipulation fine
– pratiquement impossible
– aucun feedback
– absence de mécanique à goupilles ou à disques
– l’horloge reste totalement indépendante

Constat
James Sargent créa avec sa serrure à temporisation un système qui ne se contentait pas de compliquer la manipulation : il empêchait purement et simplement l’accès, même sous contrainte. Il ne s’agissait pas d’une serrure anti-manipulation classique, mais d’une serrure anti-accès basée sur le facteur temps. Ses faiblesse réelles se situent plutôt dans :
– les tolérances de l’horlogerie
– les besoins de maintenance
– la construction du coffre lui-même Aujourd’hui encore, la serrure de Sargent est considérée comme l’une des inventions les plus fiables de la sécurité physique.

Theodor Kromer (1874)

Désignation : serrure « Protector »

Inventeur : Theodor Kromer présenta en 1874 la serrure Protector, un mécanisme à leviers d’une grande complexité, conçu spécialement pour les coffres-forts et conteneurs de sécurité.

Le système reposait sur :
– plusieurs leviers de très haute précision (souvent 6 à 12),
– un profil de clé élaboré, positionnant chaque levier à une hauteur exacte,
– une géométrie de logements (gates) à plusieurs niveaux pour empêcher la manipulation,
– des tolérances extrêmement serrées, n’autorisant l’ouverture que lorsque tous les leviers étaient parfaitement alignés.

La serrure Protector fut l’un des premiers systèmes de leviers pouvant être fabriqué industriellement tout en offrant une résistance exceptionnelle aux manipulations. Elle devint rapidement un standard dans la construction de coffres, en particulier dans les pays germanophones.

Serrures actuelles de ce type
– Kromer Protector 3/4 (versions modernes)
– serrures de coffres à leviers haut de gamme basées sur la conception de Kromer
– variantes avec boîtiers renforcés, géométries anti-manipulation et éléments de blocage supplémentaires

Lockpicking
• Tolérances de fabrication
Même les premiers modèles, malgré leur précision, présentaient :
– de petites différences de hauteur des leviers
– un jeu microscopique dans les guidages
– des variations infimes dans la profondeur des gates ou dans la force des ressorts Ces détails pouvaient fournir un retour minimal à des spécialistes expérimentés.

• Retour mécanique
Des signaux très subtils pouvaient exister :
– un léger enclenchement dans la bonne position
– des variations minimes du couple
– de très faibles mouvements perceptibles Un manipulateur professionnel pouvait les interpréter, surtout sur des modèles anciens.

• Usure
Avec le temps :
– les arêtes des leviers s’émoussaient
– les surfaces des gates s’usaient
– les ressorts perdaient de leur rigidité
– le mécanisme de pêne prenait du jeu Cela rendait la serrure plus lisible mécaniquement.

Risques / Sécurité
Risque maximal : attaque destructrice
– outils percutants
– meuleuses, outils de coupe
– attaque du corps du coffre plutôt que du mécanisme → Le mécanisme Protector est extrêmement robuste ; l’environnement du coffre représente le point faible principal.

Risque moyen : attaque partiellement destructrice
– perçage du boîtier (possible sur les modèles historiques sans plaques en carbure)
– fraisage des chambres de leviers
– arrachement sur de mauvaises constructions de coffres

Faible risque : manipulation fine
– lecture très délicate des leviers
– décodage sur la base de l’usure ou des tolérances La serrure Protector est historiquement l’une des plus résistantes à la manipulation.

Constat
La serrure Protector de Theodor Kromer fut l’un des mécanismes à leviers les plus précis et les plus résistants à la manipulation de son époque. Ses faiblesses proviennent surtout de l’usure ou d’attaques destructrices, rarement de la manipulation. Les variantes modernes restent aujourd’hui encore parmi les systèmes les plus fiables du secteur professionnel.

Joseph Loch (1878)

Désignation : serrure à combinaison

Inventeur : Joseph Loch développa en 1878 une serrure à combinaison mécanique avancée, considérée comme l’une des améliorations les plus importantes des mécanismes à disques existants.

Son système utilisait :
– plusieurs disques de combinaison montés avec précision,
– une géométrie de gates renforcée contre la manipulation,
– des mécanismes d’accouplement améliorés,
– un dispositif de libération du pêne plus fiable. Loch chercha à réduire les signaux manipulables, notamment les retours perceptibles lors de l’atteinte des gates.

Serrures actuelles de ce type
Le principe de Loch constitue aujourd’hui encore la base de nombreux systèmes :
– serrures à combinaison mécaniques (S&G, LaGard, Kaba-Mas)
– serrures à codes pour coffres et armoires fortes
– mécanismes de haute sécurité pour banques

Les versions modernes disposent de :
– disques usinés avec précision
– gates protégés contre la manipulation
– axes renforcés
– plaques anti-perçage
– mécanismes d’accouplement optimisés

Lockpicking
• Tolérances de fabrication
Même améliorée, la conception pouvait présenter :
– des variations minimes dans la profondeur des gates
– des différences d’espacement entre les disques
– un léger jeu axial
– des irrégularités dans l’accouplement Ces tolérances pouvaient produire un retour perceptible sur un disque avant les autres.

• Retour mécanique
Même réduit, il subsistait :
– un léger « enfoncement » dans le gate
– des variations de couple
– un très léger accrochage au passage du gate Des manipulateurs expérimentés pouvaient s’en servir pour déterminer la combinaison.

• Usure
Avec l’usage :
– les gates s’émoussaient
– les surfaces de contact s’usaient
– les ressorts devenaient plus souples
– le jeu axial augmentait Tout cela accroissait la lisibilité mécanique.

Risques / Sécurité
Risque maximal : attaque destructrice
– destruction du coffre
– outils de coupe, chalumeaux, meuleuses
– attaque du cadre ou de la paroi

Risque moyen : attaque partiellement destructrice
– perçage jusqu’aux disques (possible sur les modèles anciens sans plaques en carbure)
– fraisage de la face avant
– arrachage sur anciennes constructions

Faible risque : manipulation fine
– écoute des variations de comportement des disques
– analyse des points d’accroche
– décodage basé sur l’usure ou les tolérances

Constat
La serrure à combinaison de Joseph Loch fut une étape importante dans le développement de mécanismes résistants à la manipulation. Ses faiblesses historiques concernent davantage la précision des matériaux et l’usure que le principe même. Son architecture reste la base de nombreux systèmes de haute sécurité actuels.

1907 – 1934

Entre 1907 et 1934, le monde changea à une vitesse fulgurante. L’électricité devint une réalité quotidienne, les automobiles firent leur apparition dans les villes, et avec cette nouvelle mobilité, le besoin de sécurité fiable augmenta. En 1907, Samuel Segal lança le premier cadenas moderne avec anse protégée. Une idée qui se répandit rapidement, car elle rendait les attaques simples beaucoup plus difficiles. À partir des années 1920, le développement s’accéléra encore. Des entreprises comme Yale et Sargent utilisèrent des techniques de fabrication plus avancées pour produire des serrures plus précises et plus robustes. En 1934, une nouvelle étape suivit : de nouveaux concepts de cylindres capables de mieux résister à la force brute et aux tentatives de manipulation. Ces années montrent à quel point les progrès techniques et les besoins en sécurité sont étroitement liés. Plus le quotidien évoluait rapidement, plus il devenait essentiel de disposer d’une serrure fiable.

Emil Henriksson (1907)

Désignation : Serrure à disques / à plaques rotatives
Inventeur : Emil Henriksson inventa en 1907 la serrure dite à disques ou à plaques rotatives, un principe de fonctionnement totalement différent des serrures à goupilles ou à leviers classiques. Sa conception reposait sur : plusieurs disques montés sur un axe, capables de pivoter, une clé spécifiquement façonnée (« beard ») qui amène chaque disque dans une position angulaire précise, une rainure d’alignement devant se former sur l’ensemble des disques pour créer un canal continu, un élément de blocage (généralement un levier de verrouillage) ne pouvant être libéré que lorsque ce canal était parfaitement aligné. La grande différence : cette serrure fonctionne entièrement de manière rotative, et non linéaire. Elle offrait ainsi, pour l’époque, une résistance exceptionnelle face aux méthodes classiques de manipulation. Le système de Henriksson est considéré comme le précurseur des serrures modernes de haute sécurité à disques rotatifs et fut ensuite perfectionné par plusieurs fabricants.

Serrures actuelles de ce type 
- serrures à plaques rotatives modernes pour coffres-forts et applications spécialisées
- cylindres à disques de haute précision chez certains fabricants européens
- variantes dotées de disques améliorés, matériaux trempés et profils anti-manipulation
Plusieurs systèmes spécialisés de haute sécurité utilisent encore aujourd’hui des mécanismes à disques ou plaques rotatives, car ils sont :
- résistants aux manipulations classiques par goupilles
- très précisément codables
- difficiles à reproduire ou décoder
L’idée de Henriksson n’a donc pas disparu : elle perdure comme solution spécialisée.

Lockpicking
• Exploitation des tolérances de fabrication Les serrures à plaques de cette époque présentaient certaines irrégularités :
- différences légères dans l’angle de fabrication des disques
- jeu minimal dans les logements de rotation
- variations minimes de profondeur ou de largeur des gates
- différences dans l’emplacement des prises de clé
Ces tolérances pouvaient provoquer un retour d’information prématuré sur certains disques lorsque l’on approchait de leur gate.

• Feedback mécanique Malgré la complexité du mécanisme à disques, un retour d’information restait possible :
- un léger « clic » perceptible à l’alignement correct
- de faibles variations de couple
- un changement de friction en passant sur un gate
Ce feedback, plus subtil que celui d’une serrure à goupilles, restait néanmoins interprétable par des spécialistes expérimentés.

• Usure à long terme Avec l’utilisation apparaissaient des signes typiques d’usure :
- logements de disques marqués
- bords des gates arrondis
- augmentation du jeu latéral sur l’axe de rotation
- friction irrégulière due au vieillissement des matériaux
Cette usure réduisait la précision initiale et rendait la mécanique rotative plus lisible aux attaques fines.

Risques / Sécurité
Risque élevé : attaques destructives
- force brute sur la porte du coffre ou la tôle du boîtier
- meuleuses, burins, outils de découpe
- attaques visant le cadre plutôt que le mécanisme

Risque moyen : attaques partiellement destructives
- perçage de la chambre de serrure (possible sur anciens modèles sans protection carbure)
- fraisage des canaux de disques
- extraction du boîtier sur de vieux coffres

Risque faible : manipulation fine
- rotation contrôlée disque par disque
- détection des points de résistance
- décodage basé sur l’usure ou les tolérances

Conclusions
La serrure à disques / plaques rotatives d’Emil Henriksson fut une rupture radicale avec les techniques de fermeture précédentes et compte parmi les mécanismes les plus innovants du début du XXe siècle. Grâce au principe rotatif, à l’architecture multi-disques et à la fabrication serrée, elle offrait une résistance nettement supérieure à la manipulation par rapport aux mécanismes à goupilles ou à leviers. Ses faiblesses proviennent surtout des tolérances de fabrication, de l’usure et des attaques destructives, et non du principe même. Les versions modernes basées sur ce concept figurent encore parmi les serrures de coffre les plus robustes.

Walter Reinhold Schlage (1909)

Désignation : Serrure de porte avec deux boutons pour le contrôle de l’éclairage
Inventeur : Walter Reinhold Schlage – plus tard fondateur de la marque Schlage, encore mondialement connue aujourd’hui – développa en 1909 une serrure de porte inhabituelle et techniquement innovante avec commande électrique d’éclairage intégrée. La construction combinait :
- un mécanisme de serrure de porte classique
- deux boutons-poussoirs à l’intérieur
- un mécanisme de contact électrique intégré
- la possibilité d’allumer et d’éteindre la lumière en entrant ou en quittant une pièce, sans utiliser un interrupteur mural séparé.
L’idée était en avance sur son temps : Schlage associait la sécurité mécanique à l’électrification alors moderne des bâtiments. Cette serrure est considérée comme l’un des tout premiers exemples de technique électromécanique du bâtiment, des décennies avant que les « smart locks » ne deviennent un sujet.

Serrures actuelles de ce type 
Le système exact de Schlage datant de 1909 n’est plus produit, mais son principe subsiste sous une forme moderne. On trouve aujourd’hui des représentants de ce concept notamment dans :
- les serrures de porte électromécaniques,
- les serrures d’hôtel à carte,
- les serrures à bouton-poussoir à mortaiser,
- les solutions de contrôle d’accès avec fonctions de commande intégrées,
- les serrures de porte domotiques avec commande de l’éclairage et des fonctions du bâtiment.
La marque Schlage (toujours très présente sur le marché américain) a ensuite produit des cylindres, garnitures de poignées et systèmes électromécaniques qui reprennent et développent directement le principe de base : une serrure qui fait plus que simplement verrouiller.

Lockpicking
• Exploitation des tolérances de fabrication
Même la première électromécanique de Schlage présentait des variations de production naturelles :
- légères différences de course de commutation des contacts
- variation de la force des ressorts dans les boutons-poussoirs
- petites différences dans les liaisons mécaniques entre le pêne de serrure et le mécanisme de commutation.
Ces tolérances pouvaient aider à provoquer des dysfonctionnements côté électrique, mais non à vaincre la partie serrure.
• Feedback mécanique
La partie mécanique du pêne était relativement simple et offrait :
- des crans perceptibles à l’ouverture
- un léger coincement ou du jeu dans le mécanisme du pêne
- des bruits audibles lors de la commutation des contacts
Pour un attaquant, ces retours ne fournissaient cependant aucune possibilité directe de manipulation, car le mécanisme de base restait simple et robuste.
• Usure en service
Avec le temps apparaissaient des effets d’âge typiques :
- ressorts des boutons détendus
- précision de commutation réduite des contacts d’éclairage
- usure du mécanisme de pêne
- corrosion de contact due aux premiers matériaux électriques
Cette usure affectait la fonction de commutation de la lumière, mais pas la sécurité mécanique de la serrure elle-même. Important : L’effet de sécurité d’une serrure de porte normale n’était pas affaibli par la fonction électrique supplémentaire.

Risques / Sécurité
Risque élevé : attaques destructives :
- marteau, burin, force brute sur la garniture
- utilisation de meuleuse / outils de tronçonnage
- attaque sur le bâti de porte / l’environnement comme contournement
Risque moyen : attaques partiellement destructives :
- perçage du boîtier de serrure (historiquement assez simple)
- fraisage de la gâche ou de la garniture
- extraction de boîtiers de serrure faiblement fixés

Risque faible : manipulation fine :
- sondage du mécanisme de pêne
- manipulation par de faibles tolérances ou l’usure
- légères variations de couple au moment du verrouillage

Conclusions
Walter Reinhold Schlage fut l’un des premiers à combiner la technique de fermeture traditionnelle avec des fonctions électriques supplémentaires. Sa serrure de porte avec commande d’éclairage fut une forme précoce d’intégration des systèmes de bâtiment – un précurseur de ce que l’on appelle aujourd’hui le « smart home ». La serrure elle-même offrait le niveau de sécurité mécanique de son époque, tandis que la partie électrique augmentait le confort sans créer de faiblesse significative sur le plan de la sécurité. L’invention de Schlage montre clairement à quel point l’électromécanique a été intégrée très tôt dans les applications du quotidien et à quel point elle a influencé les générations de serrures suivantes.

John Junkunc (1910)

Désignation : Serrure à combinaison avec un seul cadran
Inventeur : John Junkunc développa vers 1910 une serrure à combinaison avec un seul cadran, qui, contrairement aux concepts plus anciens à plusieurs éléments ou plusieurs cadrans de commande, offrait une manipulation nettement simplifiée. Le cœur de sa construction : une unique molette rotative centrale, un empilage de plusieurs disques de combinaison derrière celle-ci, un mécanisme de couplage précis qui amène l’ensemble des disques en position via ce seul cadran, un loquet ou levier de blocage libéré uniquement lorsque tous les gates sont correctement alignés. L’avantage du système : une utilisation beaucoup plus simple, une saisie de combinaison plus rapide et un mécanisme plus compact, sans renoncer à la logique de sécurité des serrures à combinaison traditionnelles. L’approche de Junkunc est ensuite devenue populaire surtout pour les coffres compacts, caisses à argent et conteneurs de sécurité industriels.

Serrures actuelles de ce type 
Représentants actuels :
- serrures à combinaison compactes sur petits coffres
- coffres portables
- caisses et boîtes de sécurité pour espèces
- certains modèles grand public (p. ex. coffres ignifuges domestiques)
- fermetures simplifiées de coffres avec un seul cadran de commande
Les systèmes modernes utilisent :
- des disques usinés avec précision
- des axes trempés
- des géométries de gates protégées contre la manipulation
- des plaques anti-perçage et anti-fraisage
- une cinématique de couplage optimisée en friction
La logique de commande à un seul cadran de Junkunc est aujourd’hui le standard de nombreuses petites serrures mécaniques à combinaison.

Lockpicking
• Exploitation des tolérances de fabrication
Les systèmes de Junkunc souffraient eux aussi des limites de production de l’époque :
- légères variations d’écartement entre les disques
- tolérances axiales inégales
- différences de profondeur et de largeur des gates
- jeu dans le mécanisme de couplage entre cadran et pile de disques
Ces tolérances pouvaient conduire certains disques à fournir un feedback plus net que d’autres – un point exploité par les manipulateurs professionnels.
• Feedback mécanique
Comme la plupart des mécanismes à disques, la serrure de Junkunc présentait :
- un « accrochage » perceptible du levier lorsqu’il tombe dans le bon gate
- des changements de friction lors de la rotation
- un léger « blocage » en passant sur un gate
- des variations de couple lorsque la pile de disques était chargée différemment
Le cadran unique rendait le système plus confortable, mais mécaniquement, il pouvait transmettre des signaux utiles à la manipulation.
• Usure en service
Avec le temps, des schémas d’usure typiques apparaissaient :
- surfaces de gates polies et creusées
- ressorts du levier de blocage affaiblis
- jeu axial accru des disques
- points de contact usés entre le cadran et le mécanisme de couplage
Cette usure rendait la serrure plus lisible sur le plan acoustique et mécanique, réduisant la résistance à la manipulation des anciens modèles.

Risques / Sécurité
Risque élevé : attaques destructives :
- ouverture forcée de la porte du coffre ou déformation de l’enveloppe
- meuleuse, chalumeau, outils de coupe lourds
- contournement via le cadre plutôt qu’attaque directe sur la serrure

Risque moyen : attaques partiellement destructives :
- perçage jusqu’à la pile de disques (possible sur les anciens modèles)
- fraisage de la plaque frontale ou ouverture du boîtier de serrure
- extraction de plaques de serrure mal fixées

Risque faible : manipulation fine :
- écoute du moment où le levier tombe dans le gate
- détection de changements de friction via le cadran
- décodage à partir de l’usure ou des tolérances

Conclusions
Avec sa serrure à combinaison à un seul cadran, John Junkunc créa un système qui combinait avec succès confort d’utilisation et sécurité. Son mécanisme rendait la saisie de combinaison plus intuitive et permettait des conceptions de serrures plus compactes, sans affaiblir la mécanique de coffre sous-jacente. Les faiblesses se situent – comme pour toutes les serrures à disques – dans les tolérances et l’usure, plutôt que dans le concept lui-même. Son principe perdure aujourd’hui encore et constitue la base de nombreuses serrures mécaniques compactes à combinaison dans les domaines privé et industriel.

Johann Schweiger (1912)

Désignation : Serrure à clé traversante
Inventeur : Johann Schweiger déposa en 1912 un brevet pour la serrure dite à clé traversante, un système dans lequel la clé est introduite d’un côté et traverse l’ensemble de la serrure pour agir directement sur les organes de retenue des deux côtés. Ce qui distingue particulièrement la conception de Schweiger : la clé traverse complètement la serrure, elle agit simultanément sur des organes de retenue ou des glissières des deux côtés, l’ensemble du verrouillage est déclenché par un mouvement linéaire de poussée plutôt que par rotation, la mécanique permet des corps de serrure très compacts avec une complexité réduite. Ce système était surtout destiné aux portes intérieures, au mobilier et aux applications de protection légère, moins aux environnements de haute sécurité. Sa force résidait dans la simplicité d’utilisation et une fabrication rapide et économique.

Serrures actuelles de ce type 
On trouve aujourd’hui des représentants de ce principe notamment dans :
- les serrures de meubles et d’armoires
- les serrures de boîtiers simples
- les portes intérieures de style nostalgique ou rétro
- les coffrets métalliques simples et casiers
- les boîtes à outils et petites serrures de valises
Les systèmes modernes à clé traversante sont techniquement améliorés, mais restent fondamentalement :
- simples
- économiques à produire
- destinés aux fermetures courantes de portes ou de meubles
- non conçus pour une protection élevée contre la manipulation
L’idée de base du mécanisme traversant est donc toujours utilisée, mais pas dans les domaines de haute sécurité.

Lockpicking
• Exploitation des tolérances de fabrication
Les premiers modèles de serrures à clé traversante présentaient des écarts typiques :
- différences de hauteur des organes de retenue
- jeu dans les rails de guidage du mécanisme traversant
- légères variations dans le positionnement des glissières ou goupilles
- force des ressorts inégale
Ces tolérances pouvaient amener certains organes de retenue à réagir plus tôt ou plus nettement, créant ainsi une « lisibilité » mécanique.

• Feedback mécanique
Malgré sa construction simple, la serrure offrait des retours perceptibles :
- léger coincement des glissières avant la position finale
- sensation d’enclenchement des organes de retenue lorsque la poussée est correcte
- différents points de friction lors du passage de la clé
Un manipulateur expérimenté pouvait exploiter ces signaux pour tester progressivement le mécanisme.

• Usure en service
Une utilisation régulière entraînait des phénomènes d’usure typiques :
- rails de guidage marqués
- arêtes des glissières arrondies
- ressorts ramollis

- jeu accru dans le canal traversant
Cette usure rendait le mécanisme nettement plus audible et sensible, facilitant ainsi les tentatives de manipulation.

Risques / Sécurité
Risque élevé : attaques destructives :
- force brute (marteau, burin, rupture du boîtier)
- ouverture par levier ou enfoncement de garnitures fines
- attaque sur la porte ou le bâti plutôt que sur la serrure.

Risque moyen : attaques partiellement destructives :
- perçage de la zone des glissières ou organes de retenue
- fraisage du boîtier de serrure
- extraction ou arrachement en cas de fixation faible

Risque faible : manipulation fine :
- sondage des glissières via l’entrée de clé
- détection de points d’enclenchement lors de la poussée de l’outil
- décodage via l’usure et les tolérances

Conclusions
La serrure à clé traversante de Johann Schweiger était une solution fonctionnelle et facile à produire pour les applications du quotidien. Elle misait sur une commande linéaire plutôt que rotative et offrait une construction simple qui s’est largement répandue – sans ambitions particulières en matière de haute sécurité. Ses faiblesses résident logiquement dans les tolérances de fabrication, le feedback mécanique et l’usure. Aujourd’hui, le système est toujours utilisé, mais principalement dans le mobilier et les aménagements intérieurs, pas dans les contextes de haute sécurité.

Samuel Segal (1912)

Désignation : Serrure « Jimmy-Proof »
Inventeur : Samuel Segal – lui-même policier à New York – inventa en 1912 la serrure Jimmy-Proof, une serrure de porte innovante spécialement conçue contre la méthode d’effraction standard de l’époque : le « jimmying », c’est-à-dire le levier sous la porte avec des pieds-de-biche ou des coins. Son système reposait sur : deux pênes verticaux coulissants, un mécanisme de rotation ou de pivot qui bloque simultanément les deux pênes, un montage intérieur massif et autoportant, indépendant du bâti, une conception empêchant d’écarter la porte et le dormant l’un de l’autre. La serrure Jimmy-Proof fut l’un des premiers systèmes spécifiquement conçus contre les attaques par levier et inaugura ainsi une nouvelle catégorie de sécurité des portes.

Serrures actuelles de ce type 
Cette serrure est encore utilisée par millions d’exemplaires. Les modèles modernes Jimmy-Proof sont très répandus aujourd’hui encore, notamment aux États-Unis et en Asie, typiquement sur :
- logements locatifs
- portes en bois anciennes
- immeubles collectifs
- appartements et brownstones en centre-ville
La raison : ils se montent côté intérieur sans affaiblir la structure de la porte. Les modèles actuels disposent :
- de pênes trempés,
- de bras de verrouillage améliorés,
- de plaques anti-perçage,
- de systèmes de fixation renforcés,
- de logements modernes pour cylindres (profil européen ou rond).
La serrure Jimmy-Proof reste ainsi un système de modernisation courant et fiable pour la sécurité des portes.

Lockpicking
• Exploitation des tolérances de fabrication
Les premiers modèles Jimmy-Proof présentaient également certaines faiblesses de tolérance :
- différences de hauteur des doubles pênes
- jeu dans le mécanisme de bras pivotant
- ajustement inégal entre pêne et gâche
- variations de course des pênes
Si ces tolérances étaient trop importantes, un attaquant pouvait, dans de rares cas, générer une pression excessive sur le battant, entraînant un léger mouvement du mécanisme de pêne.

• Feedback mécanique
Comme la serrure est montée à l’intérieur, les retours exploitables sont très limités. Néanmoins, les premiers modèles pouvaient fournir de faibles indices :
- léger jeu dans le mécanisme pivotant
- crans perceptibles dans l’entraînement
- bruits de contact audibles sur des boîtiers plus fins
Ces informations suffisent rarement à une vraie manipulation fine, car le mécanisme ne fonctionne pas de manière séquentielle comme une serrure à goupilles ou à disques.

• Usure en service
Avec l’usage, des schémas d’usure typiques apparaissaient :
- bras pivotants marqués
- arêtes de pêne légèrement arrondies
- points de vissage affaiblis
- jeu accru dans le mécanisme
Cette usure pouvait rendre la serrure un peu plus vulnérable aux fortes forces de levier, mais non aux tentatives de manipulation.

Risques / Sécurité
Risque élevé : attaques destructives :
- ouverture violente de la porte elle-même (et non de la serrure),
- levier agressif sur le battant ou le bâti,
- utilisation de pieds-de-biche, coins, outils de choc,
- attaques sur des structures de porte faibles.

Risque moyen : attaques partiellement destructives :
- perçage du cylindre (et non du corps de serrure),
- démontage ou arrachement de la plaque de surface en cas de mauvaise pose,
- fraisage de la zone de logement du cylindre.

Risque faible : manipulation fine :
- sondage du cylindre monté (uniquement si ce cylindre est manipulable)
- décodage du cylindre par l’usure ou les tolérances
- exploitation de jeu dans le mécanisme pivotant

Conclusions
La serrure Jimmy-Proof de Samuel Segal fut une étape majeure dans la sécurité pratique des portes. Elle ciblait précisément la faiblesse la plus utilisée à l’époque : le levier. Au lieu de protéger le cylindre ou la mécanique, le système renforçait la structure de la porte dans son ensemble – une approche alors révolutionnaire. Ses faiblesses résident :
- principalement dans les matériaux de la porte et du bâti,
- secondairement dans le cylindre utilisé,
- très peu dans le mécanisme lui-même.
Aujourd’hui encore, la serrure Jimmy-Proof reste l’un des systèmes de modernisation les plus efficaces contre les attaques par levier sur des portes standard.

Harry Soref (1924)

Désignation : Cadenas
Inventeur : Harry Soref fonda la société Master Lock en 1924 et développa un nouveau type de cadenas particulièrement résistant, qui transforma durablement le marché. Sa contribution décisive : un corps de cadenas laminé, constitué de plaques d’acier empilées et rivetées, un arceau extrêmement robuste en acier trempé, un procédé de fabrication économique mais résistant, un design compact plus résistant à de nombreuses attaques courantes de l’époque. Soref voulait créer un cadenas à la fois abordable et sûr – et il y parvint. Le cadenas laminé devint le standard mondial dans l’industrie, le transport et l’usage privé.

Serrures actuelles de ce type 
Le concept de base de Soref est devenu un standard mondial. Représentants actuels :
- cadenas laminés classiques pour l’industrie et le bricolage
- variantes extérieures résistantes aux intempéries
- cadenas à cylindre à goupilles ou mécanisme à disques
- variantes haute sécurité avec arceau en acier boré ou acier carbone trempé
- versions à combinaison basées sur un corps laminé
Master Lock produit toujours des versions modernisées du design original de Soref. De nombreux fabricants à travers le monde ont adopté ce principe. Le concept établi par Soref est l’un des designs les plus durables de l’histoire de la technique de fermeture.

Lockpicking
• Exploitation des tolérances de fabrication
Les premiers modèles présentaient parfois :
- du jeu latéral dans l’arceau
- une qualité de fabrication variable des lamelles
- un ajustement inégal du mécanisme central
- des tolérances dans les chambres de goupilles (pour les variantes à cylindre)
Cela pouvait rendre la mécanique plus lisible, surtout sur les cadenas anciens.

• Feedback mécanique
Selon le modèle (mécanisme d’arceau ou cylindre à goupilles), différents retours étaient perceptibles :
- léger « set » des goupilles sur les serrures à cylindre
- coincement perceptible de l’arceau juste avant l’ouverture
- bruits audibles des pênes internes
Ces signaux pouvaient être utilisés pour analyser le mécanisme, mais surtout sur des cadenas à cylindre simples.

• Usure en service
Les intempéries et l’usage provoquaient des problèmes typiques :
- corrosion dans les lamelles (surtout sur l’acier non traité)
- guides d’arceau usés
- usure des goupilles dans le cylindre
- ressorts ou pênes corrodés
Cette usure rendait certains cadenas nettement plus faciles à manipuler, tandis que certains modèles très anciens cédaient parfois par simple choc ou pression sur l’arceau.

Risques / Sécurité
Risque élevé : attaques destructives :
- coupe-boulons / pinces
- meuleuse / disque de tronçonnage
- coups de marteau et burin
- rupture de l’arceau par levier

Risque moyen : attaques partiellement destructives :
- perçage du cylindre (en l’absence de protection anti-perçage)
- fraisage du corps de cadenas aux points faibles
- extraction ou expulsion de l’arceau en cas de mauvais ajustement
- levier sur une installation non protégée

Risque faible : manipulation fine :
- sondage du cylindre à goupilles (si présent)
- décodage de variantes simples à combinaison
- exploitation du feedback mécanique sur des mécanismes usés

Conclusions
Harry Soref révolutionna le cadenas en 1924 avec un corps en acier laminé, robuste, économique et apte à la production de masse. Son concept est aujourd’hui encore l’un des standards les plus utilisés au monde et un exemple parfait de la combinaison entre faisabilité industrielle et sécurité. Les points faibles résident traditionnellement dans l’arceau et les variantes à cylindre simple, non dans la construction lamellaire solide. Les versions modernes reposent toujours sur l’idée de base de Soref et font partie intégrante de la technique de sécurité mondiale.

Sylvester Wöhrle (1924)

Désignation : Cylindre à profil « Hahn »
Inventeur : Sylvester Wöhrle déposa en 1924 un nouveau système de cylindre à profil « Hahn », un profil médian avancé pour l’époque, destiné à améliorer la sécurité et la flexibilité des serrures à cylindre. Le « profil Hahn » se caractérisait par : un lit de clé profilé, difficile à copier simplement, des contours de guidage latéraux supplémentaires, une géométrie de clé plus complexe que celle des clés rondes ou plates classiques, une forme de cylindre rendant la manipulation par outils simples plus difficile. Wöhrle voulait créer un système reposant sur des goupilles classiques, mais introduisant via le profil de clé une barrière mécanique supplémentaire. Le profil Hahn fut ensuite imité sous différentes variantes et influença le développement des cylindres de profil modernes.

Cylindres actuels de ce type 
Les successeurs modernes se présentent sous forme de :
- cylindres européens de profil avec profils de clé spécifiques
- profils de marque propriétaires pour organigrammes de clés
- profils de sécurité avec guidages latéraux ou arêtes asymétriques
- cylindres historiques de reproduction, rétro ou muséaux
De nombreux cylindres actuels reprennent l’idée de base de Wöhrle : un profil de clé complexe comme protection passive contre la manipulation. Techniquement, ces systèmes furent plus tard complétés par des goupilles de sécurité, des barrières en carbure et des canaux de clé multifonctions.

Lockpicking
• Exploitation des tolérances de fabrication
Comme pour beaucoup de cylindres du début des années 1920, on trouvait des dispersions typiques :
- canaux de goupilles usinés de manière inégale
- forces de ressort variables
- jeu latéral et vertical léger des goupilles
- estampage irrégulier du profil Hahn dans le canal
Ces tolérances faisaient que certaines goupilles donnaient un feedback plus tôt ou plus nettement, ce qui favorisait la manipulation, surtout sur des exemplaires anciens ou mal entretenus.

• Feedback mécanique
Le profil Hahn compliquait l’introduction d’outils, mais le cylindre lui-même offrait néanmoins :
- des points de « set » précis pour chaque goupille
- un léger mouvement du rotor lorsque chaque paire clé/goupille était correctement réglée
- des différences de friction audibles et perceptibles sur les modèles usés
- des variations de couple marquées lors de l’attaque de goupilles individuelles
Ainsi, comme tout système à goupilles, il restait fondamentalement manipulable, même si le profil limitait l’accès des outils.

• Usure en service
L’usage régulier engendrait des traces d’usure typiques :
- têtes de goupilles arrondies
- canaux de goupilles marqués
- ressorts vieillissants à force variable
- jeu accru du rotor par usure
Ces changements rendaient la mécanique plus lisible et la manipulation plus facile, en particulier sur des cylindres très sollicités.

Risques / Sécurité
Risque élevé : attaques destructives :
- rupture ou perçage de la structure de la porte
- meuleuse, outils de choc, levier sur la garniture
- attaque sur le bâti ou le battant plutôt que sur le cylindre

Risque moyen : attaques partiellement destructives :
- perçage des canaux de goupilles (facile sur les anciens modèles sans carbure)
- fraisage ou extraction du cylindre
- arrachement du cylindre si la garniture ne le protège pas

Risque faible : manipulation fine :
- sondage du cylindre via le couple
- décodage à partir des points de « set »
- manipulation par l’usure ou les tolérances
- accessibilité limitée des outils par le profil Hahn

Conclusions
Le cylindre à profil Hahn de Sylvester Wöhrle fut une étape importante entre les simples cylindres ronds et les cylindres de profil modernes. Il introduisit un système dans lequel le profil de clé lui-même constituait une barrière supplémentaire, compliquant la manipulation sans modifier le mécanisme de base. Les faiblesses résidaient, comme souvent, dans l’usure, les tolérances et l’absence de protection matérielle contre les attaques destructives. En tant que concept, le profil Hahn reste un précurseur des profils de sécurité et de marque actuels dans les organigrammes complexes.

Fritz Schori (1934)

Désignation : Clé réversible Kaba 8
Inventeur : Fritz Schori développa en 1934 le système révolutionnaire Kaba 8 à clé réversible, l’un des premiers systèmes de cylindre véritablement de haute précision avec clé utilisable des deux côtés, combinant plusieurs innovations de sécurité. Son concept reposait sur : huit goupilles disposées radialement (au lieu de paires linéaires comme chez Yale), une clé réversible symétrique, fonctionnant quelle que soit la position d’insertion, une mécanique cylindrique très compacte avec des tolérances extrêmement serrées, une géométrie de clé beaucoup plus difficile à reproduire que les clés classiques à tailles. Kaba 8 fut ainsi l’un des premiers systèmes de cylindre de haute sécurité pouvant être fabriqué industriellement de manière fiable. Schori créa un système qui fut longtemps considéré comme une référence en matière de résistance à la manipulation.

Cylindres actuels de ce type 
Successeurs modernes :
- Kaba 20, Kaba quattro, Kaba experT
- autres générations avec systèmes multirangs, éléments magnétiques ou profondeurs de taille variables.
Aujourd’hui encore :
- de nombreux organigrammes de clés dans le monde utilisent le principe de base de Kaba 8,
- hôtels, administrations et clients industriels travaillent avec des systèmes descendants de cette logique,
- les cylindres à clé réversible sont considérés comme un standard haute sécurité.
Le Kaba 8 de Schori est un ancêtre direct de presque tous les systèmes modernes à clé réversible, et son principe de base est toujours utilisé.

Lockpicking
• Exploitation des tolérances de fabrication
Même le système Kaba 8 pouvait présenter de légères dispersions, bien plus faibles toutefois que sur les systèmes plus anciens :
- réglages initiaux des goupilles très légèrement différents
- jeu radial minimal dans certains tunnels
- variations de force des ressorts
- différences dans les arrondis du profil de clé
Ces écarts pouvaient dans de rares cas fournir de minuscules indications sur les goupilles proches de leur position correcte.

• Feedback mécanique
Kaba 8 était réputé pour fournir très peu de feedback exploitable. Néanmoins, des spécialistes pouvaient détecter certains signaux :
- léger enclenchement lors du réglage d’une goupille radiale
- variations de couple à peine perceptibles
- points de friction très subtils lors de la rotation
Par rapport aux systèmes linéaires à goupilles, le feedback était nettement plus faible, car toutes les goupilles agissent radialement et le rotor est bien moins sujet au basculement.

• Usure en service
Avec les années, des marques d’usure classiques apparaissaient :
- têtes de goupilles arrondies
- jeu légèrement accru dans les tunnels
- rainures de clé usées
- ressorts vieillis
Cette usure rendait le système un peu plus lisible mécaniquement, mais toujours nettement plus résistant à la manipulation que les cylindres de profil classiques.

Risques / Sécurité
Risque élevé : attaques destructives :
- force brute sur la garniture ou le cylindre
- meuleuse / outils de tronçonnage
- levier sur le bâti plutôt qu’attaque directe du cylindre

Risque moyen : attaques partiellement destructives :
- perçage des chambres radiales (sur modèles sans inserts en carbure),
- fraisage du cylindre,
- extraction ou arrachement en cas de protection de montage insuffisante.

Risque faible : manipulation fine :
- sondage des goupilles radiales
- exploitation de très faibles variations de couple
- décodage via l’usure ou de rares tolérances de fabrication

Conclusions
Le système Kaba 8 de Fritz Schori fut un jalon majeur de la technique des cylindres. Il combina un profil de clé réversible innovant à une disposition radiale des goupilles, rendant les attaques de manipulation beaucoup plus difficiles tout en permettant une fabrication de haute précision. Ses faiblesses, si l’on peut parler de faiblesses, se situaient dans de très légères tolérances, l’usure et les méthodes destructives, non dans le principe de fonctionnement. Kaba 8 est devenu l’un des systèmes de cylindre haute sécurité les plus durables et influents au monde et constitue la base des technologies modernes de clé réversible.

1974 – 1999

Entre 1974 et 1999, les serrures ont été développées à une époque où la technologie devenait de plus en plus numérique. L’électronique a fait son entrée dans les entreprises, puis plus tard aussi dans les foyers privés. Cela a profondément changé la manière de penser la sécurité. En 1974, les premiers systèmes de contrôle d’accès électroniques sont arrivés sur le marché. Encore encombrants, mais un signe clair de la direction que prenait le secteur. Dans les années 1980, les fabricants ont nettement amélioré leurs cylindres : goupilles plus précises, tolérances plus serrées, meilleurs matériaux. La manipulation est devenue plus exigeante, la force brute moins efficace. Dans les années 1990, l’étape suivante a suivi. Les cartes magnétiques et les cartes à puce sont apparues, parfois combinées à des mécanismes classiques. Ces systèmes hybrides ont posé les bases de tout ce qui nous semble aujourd’hui évident. Cette période montre bien comment la sécurité évolue dès que la technologie ouvre de nouvelles possibilités. La mécanique est restée importante, mais s’est vu adjoindre un partenaire numérique puissant.

Klaus Abend, Johannes Filthaut (1974)

Désignation : Système de fermeture Dorma Codic
Inventeurs : Klaus Abend et Johannes Filthaut ont développé en 1974 le système de fermeture Dorma Codic, un concept de cylindre alors très moderne, doté d’une codification multi-rangées et d’un profil de clé techniquement exigeant et caractéristique. Le système reposait sur : plusieurs rangées de goupilles codées (généralement 2 à 3 niveaux), un profil de clé Codic asymétrique et fortement guidé, qui compliquait l’introduction d’outils non autorisés, une combinaison de codage vertical et latéral, des tolérances extrêmement serrées, laissant beaucoup moins de retour mécanique qu’un cylindre profilé classique. Dorma Codic fut l’un des premiers systèmes à associer une technologie de fermeture professionnelle à une protection accrue contre la copie, et il est considéré comme un précurseur des profils de sécurité modernes.

Serrures actuelles de ce type
Le système Codic original n’est plus produit aujourd’hui, mais ses principes fondamentaux subsistent. Les successeurs modernes de DormaKaba (après fusion) utilisent :
- des systèmes de goupilles multi-rangées,
- des profils de clé asymétriques ou tridimensionnels,
- des éléments mécaniques de protection contre la copie,
- une fabrication haute précision avec tolérances étroites – autant de caractéristiques déjà présentes dans le système Codic.
Aujourd’hui, ces idées se retrouvent dans :
- Kaba experT,
- Kaba quattro,
- les systèmes DormaKaba Matrix et à 8 leviers, ainsi que dans les installations de fermeture hautement sécurisées modernes.

Lockpicking
• Exploitation des tolérances de fabrication Même si Codic était réputé pour sa précision, certaines variations naturelles existaient :
- de légères différences de hauteur entre les rangées de goupilles,
- un léger jeu latéral dans le noyau multi-rangées,
- des variations de force des ressorts,
- de petites asymétries dans le profil de clé.
Ces tolérances pouvaient faire réagir certains couples de goupilles un peu plus tôt, ce que des manipulateurs expérimentés pouvaient théoriquement exploiter – mais avec bien plus de difficulté qu’avec un cylindre standard.

• Retour mécanique Dorma Codic était connu pour transmettre très peu de signaux. On observait cependant :
- des points de calage extrêmement fins,
- des variations de couple à peine perceptibles,
- des changements de friction sur des modèles usés ou mal entretenus.
La configuration multi-rangées stabilisait davantage le noyau, réduisant fortement l’inclinaison du rotor – et donc le retour mécanique exploitable.

• Usure en service Avec le temps apparaissaient des signes typiques :
- têtes de goupilles légèrement arrondies,
- augmentation du jeu dans le lit multi-rangées,
- ressorts affaiblis,
- usure dans le profil complexe de la clé.
L’usure rendait parfois le cylindre un peu plus lisible, mais il restait d’une robustesse supérieure à la plupart des systèmes contemporains.

Risque / Sécurité
Risque élevé : attaques destructives :
arrachement ou perçage du garniture de porte, disques à tronçonner / meuleuses, attaques sur la porte ou le cadre (bypass structurel).

Risque moyen : attaques partiellement destructives :
perçage des rangées de goupilles (possible historiquement sans pastilles en carbure), usinage de la face du cylindre, traction ou arrachement en cas de mauvaise installation sans rosace de protection.

Risque faible : manipulation fine :
mise en place ciblée des goupilles multi-rangées, toucher au couple minimal, décodage via tolérances ou usure.

Conclusion
Le système Dorma Codic, mis au point par Abend et Filthaut, a marqué une étape importante dans l’évolution des installations de fermeture modernes. La combinaison de goupilles multi-rangées, d’un profil complexe et d’une fabrication extrêmement précise en fit l’un des systèmes les plus avancés de son époque. Ses faiblesses résidaient surtout dans les attaques destructives et l’absence de protections en carbure, et non dans la mécanique elle-même. L’idée fondatrice de Codic reste aujourd’hui la base de nombreux cylindres de haute sécurité produits par DormaKaba et d’autres fabricants.

Tor Sornes (1976)

Désignation : serrure à carte perforée
Inventeur : Tor Sornes a inventé en 1976 la première serrure électromécanique à carte perforée, qui est devenue la base de toute la technologie moderne de fermeture pour hôtels. L’idée était radicalement nouvelle : ce n’est plus une clé physique qui code la serrure, mais une carte perforée qui, lors de l’insertion, active des contacts électriques ou mécaniques et libère ainsi la porte. Le système reposait sur :
- une carte perforée en plastique ou en papier avec une codification de trous définie,
- un mécanisme de lecture qui détecte les perforations de façon électrique ou mécanique,
- un mécanisme de verrouillage électromécanique qui libère le pêne,
- un principe de code facilement remplaçable (il suffit de changer la carte = serrure recodée).
Pour le secteur hôtelier, cela fut une révolution : les clés perdues ne représentaient plus un grand risque, les codes pouvaient être immédiatement modifiés, et les clients n’avaient plus besoin de porter des clés métalliques. Sornes posa ainsi la pierre angulaire des futures serrures à carte magnétique, à puce et RFID.

Serrures actuelles de ce type 
Les serrures à carte perforée classiques selon Sornes ne sont quasiment plus produites aujourd’hui, mais leurs technologies descendantes dominent le marché mondial :
- serrures d’hôtel à carte magnétique,
- cartes à puce / Smartcards,
- cartes RFID,
- contrôles d’accès électroniques avec supports de codage remplaçables,
- systèmes NFC et basés sur smartphone. De nombreux fabricants (par exemple VingCard, plus tard intégré à ASSA ABLOY) ont directement bâti sur le principe de Sornes.

Lockpicking
• Exploitation des tolérances de fabrication
Les premiers lecteurs de cartes perforées présentaient les variations typiques de production :
- déclenchement inégal des capteurs,
- tension variable des ressorts de contacts,
- petits écarts de position des broches de lecture,
- légers décalages dus à l’usure mécanique.
Ces tolérances pouvaient amener à ce que des cartes légèrement tordues ou imprécises soient quand même reconnues comme valides, ce qui favorisait les abus.
• Retour mécanique Comme le guidage de carte était mécanique, certains signaux étaient perceptibles :
- un enclenchement sensible lors de l’introduction de la carte,
- un léger jeu de certains contacts de lecture,
- des différences sonores sur des broches de contact usées.
Des personnes expérimentées pouvaient en déduire l’emplacement des contacts actifs, ce qui facilitait théoriquement la reproduction d’une carte fonctionnelle.
• Usure en service Dans les hôtels en particulier, l’utilisation intensive provoquait des effets typiques d’usure :
- broches de contact usées,
- force de ressort réduite,
- contacts électriques corrodés,
- logements de carte battants.
Cette usure pouvait permettre des erreurs d’interprétation du codage, rendant la serrure plus vulnérable aux cartes imprécises ou manipulées.

Risque / Sécurité
Risque élevé : attaques destructrices :
forcer la porte ou la boîte d’encastrement, attaques au levier sur le bâti de la porte, violence mécanique sur le lecteur de cartes.
Risque moyen : attaques partiellement destructrices :
perçage ou levier sur la tête de lecture, mise en court-circuit ou manipulation de la partie électromécanique, extraction du capot de la fente de carte.
Risque faible : manipulation fine :
analyse de la carte via le retour mécanique, reproduction d’une carte perforée fonctionnelle, décodage tolérance-dépendant par cartes de test.

Conclusion
Tor Sornes a révolutionné en 1976 le marché du contrôle d’accès avec sa serrure à carte perforée. Pour la première fois, l’accès n’était plus contrôlé par une mécanique métallique, mais par des supports d’information codables de façon variable. Le système était visionnaire, même s’il apparaît aujourd’hui vulnérable à l’usure, aux tolérances et aux manipulations électromécaniques. Sa plus grande force : la possibilité de recoder immédiatement – un avantage décisif par rapport aux systèmes de clé classiques. L’invention de Sornes constitue la racine historique des systèmes de fermeture modernes pour hôtels et contrôles d’accès, et reste un véritable jalon de la technique de sécurité.

Charles Walton (1983)

Désignation : serrure électronique RFID
Inventeur : Charles Walton est considéré comme l’inventeur du principe RFID pour les applications de sécurité. En 1983, il déposa un brevet décrivant pour la première fois l’identification sans contact d’un support d’autorisation (transpondeur / carte) pour le contrôle d’accès – la naissance de la serrure RFID moderne. Son système reposait sur : un transpondeur RFID passif ou actif, un lecteur générant un champ électromagnétique, un signal de réponse codé émis uniquement par le transpondeur autorisé, une unité de commande électronique qui libère le pêne après identification réussie. L’approche de Walton était révolutionnaire, car elle introduisait pour la première fois l’identification sans contact dans les applications de sécurité. Il posa ainsi une base centrale pour les portes d’hôtel modernes, les serrures d’entreprise, les contrôles d’accès et les Smart-Locks.

Serrures actuelles de ce type 
Aujourd’hui, la RFID est l’un des systèmes d’accès les plus importants au monde. Ses descendants directs se trouvent dans :
- les serrures de chambre d’hôtel (MIFARE, LEGIC, HID, etc.),
- les accès des entreprises et administrations,
- les parkings et barrières,
- les serrures de porte Smart-Home,
- les systèmes d’accès industriels et de laboratoire. La RFID s’est développée en plusieurs générations technologiques :
- RFID basse fréquence (LF, 125 kHz, systèmes précoces),
- RFID haute fréquence (HF, 13,56 MHz, ex. MIFARE, NFC),
- RFID UHF (accès industriel, plus grandes portées),
- clés RFID cryptographiquement sécurisées de dernière génération. Le principe de Walton est aujourd’hui omniprésent et constitue la base de presque tous les systèmes d’accès sans contact modernes.

Lockpicking
• Exploitation des tolérances de fabrication
Les premiers systèmes RFID souffraient de variations techniques : bobines d’antenne d’une sensibilité inégale, portées variables, imprécisions dans l’évaluation des signaux faibles de transpondeurs, erreurs d’interprétation liées aux tolérances en présence de signaux parasites.
Ces écarts pouvaient conduire, dans de rares cas, à l’acceptation de tags RFID étrangers ou mal copiés, un effet typique des systèmes précoces à codage faible.
• Retour mécanique
Le retour mécanique ne jouait qu’un rôle secondaire sur les serrures RFID :
- bruit de relais ou de gâche magnétique,
- légère vibration du moteur de pêne,
- quasiment aucun retour perceptible au niveau du lecteur.
Cela n’offrait aux attaquants aucun point d’appui exploitable, la logique de sécurité étant purement électronique.
• Usure en service L’usure se manifestait principalement sur :
- les boutons ou capots du module de lecture,
- les contacts oxydés sur les lecteurs hybrides,
- les bobines vieillissantes ou les éléments de transpondeur affaiblis,
- la mécanique de pêne (dans les systèmes électromécaniques).
Le vieillissement électronique pouvait favoriser certaines erreurs d’interprétation, mais était rarement exploitable de manière ciblée.

Risque / Sécurité
Risque élevé : attaques destructrices :
forcer le bâti de la porte ou la boîte du verrou, levier, burin, meuleuse d’angle, attaque sur l’ouvrant ou la ferrure plutôt que sur l’électronique.
Risque moyen : attaques partiellement destructrices :
perçage ou arrachement du lecteur, court-circuit de l’électronique, coupure des câbles (selon le système), contournement du pêne électrique par accès direct à la mécanique.
Risque faible : manipulation fine / attaques électroniques :
copie de tags RFID simples (notamment les premiers systèmes 125 kHz), lecture de transpondeurs non chiffrés, attaques par rejeu (replay) sur de très anciens modèles, signaux parasites visant à provoquer des erreurs d’interprétation.

Conclusion
En 1983, Charles Walton a posé les bases d’un concept de sécurité totalement nouveau : l’identification sans contact au lieu de la clé mécanique. Sa serrure RFID a transformé le contrôle d’accès et permis des systèmes d’autorisation flexibles et rapidement modifiables. Les faiblesses des premiers modèles résidaient surtout dans :
- des transpondeurs RFID non chiffrés,
- des éléments électromécaniques vulnérables,
- des attaques destructrices sur l’environnement de la porte.
Aujourd’hui, la serrure RFID de Walton est l’un des principaux précurseurs des systèmes d’accès numériques et cryptographiquement sécurisés – un véritable jalon de la technique de sécurité.

Paul E. Szabo (1985)

Désignation : Kaba Nova
Inventeur : Paul E. Szabo développa en 1985 le système Kaba Nova, l’une des évolutions les plus avancées du principe de clé réversible multi-rangées. Alors que les systèmes Kaba plus anciens, comme Kaba 8 ou Kaba 20, reposaient sur des agencements radiaux de goupilles, Nova introduisit une codification complexe multi-canaux et multi-rangées, combinée à une protection accrue contre la copie et à une fabrication extrêmement précise. Éléments clés du système Kaba Nova : plusieurs rangées de goupilles radiales, codées simultanément, un profil de clé réversible très complexe, asymétrique et profondément guidé, des barrières de profil supplémentaires limitant fortement l’introduction d’outils étrangers, un noyau de cylindre avec un jeu de basculement minimal et une précision élevée, des éléments de sécurité mécaniques intégrables contre le picking et la reproduction de clés. Szabo combina ainsi sécurité mécanique, protection contre la copie et aptitude aux grandes installations de fermeture d’une manière jusque-là inégalée. Kaba Nova devint l’un des systèmes de fermeture les plus robustes de la fin des années 1980 et du début des années 1990.

Serrures actuelles de ce type 
La série Kaba Nova originale n’est plus produite sous cette forme. Mais sa technologie survit dans plusieurs successeurs, parmi lesquels :
- Kaba quattro,
- Kaba quattro plus,
- Kaba experT / experT plus,
- Kaba pextra / pextra+,
- les cylindres de haute sécurité modernes DormaKaba.
Tous ces systèmes reposent sur la philosophie de conception de Szabo : goupilles radiales multi-rangées, principe de clé réversible, barrières de profil complexes, grande précision de fabrication, possibilité de constituer des installations de fermeture certifiables. Nova est donc un précurseur direct de nombreux profils de haute sécurité modernes.

Lockpicking
• Exploitation des tolérances de fabrication
Même dans le système Nova, il existe des tolérances naturelles, bien que nettement plus faibles :
- positions légèrement différentes de certains canaux de goupilles,
- faible jeu radial ou axial,
- forces de ressort variables sur des cylindres fortement sollicités,
- différences de microgéométrie de la clé.
Ces infimes variations pouvaient, dans de très rares cas, fournir des retours minimes – exploitables uniquement par des spécialistes extrêmement expérimentés.
• Retour mécanique Nova fut conçu pour offrir le moins de feedback possible. Il subsiste toutefois un retour résiduel théoriquement exploitable :
- points de calage des goupilles radiales à peine perceptibles,
- très faibles variations de couple à l’approche de la position correcte,
- légères différences de friction sur des cylindres usés.
Comparé aux systèmes de goupilles linéaires classiques, le feedback est extrêmement atténué.
• Usure en service L’utilisation génère des phénomènes d’usure typiques :
- têtes de goupilles légèrement émoussées,
- jeu accru dans le noyau après de nombreuses années,
- arêtes de clés légèrement polies,
- ressorts fatigués dans la configuration multi-rangées.
Ces facteurs renforcent la lisibilité mécanique avec l’âge, mais le niveau de sécurité reste nettement supérieur à celui de nombreux systèmes conventionnels.

Risque / Sécurité
Risque élevé : attaques destructrices :
arrachement, perçage ou fraisage du cylindre, meuleuse d’angle, outils de frappe, attaques de contournement sur la porte ou le bâti plutôt que sur le cylindre.
Risque moyen : attaques partiellement destructrices :
perçage de certains canaux de goupilles (historiquement possible sans pastilles en carbure), arrachement du cylindre sans rosace de protection, usinage de la face avant, ouverture forcée du canal de clé.
Risque faible : manipulation fine :
mise en place de goupilles radiales sous un couple minimal, décodage par de rares tolérances de fabrication ou d’usure, manipulation extrêmement exigeante sur le plan des outils.

Conclusion
Kaba Nova, conçu par Paul E. Szabo, fut un jalon des cylindres de haute sécurité modernes. Le système associa goupilles multi-rangées radiales, profil de clé asymétrique et très haute précision, rendant les attaques par manipulation nettement plus difficiles. Ses faiblesses, comme pour tous les cylindres haut de gamme, se situent moins dans la mécanique elle-même que dans :
- les attaques destructrices,
- l’absence de ferrures de protection,
- l’usure à long terme. Nova est devenu la base de nombreux systèmes DormaKaba ultérieurs et reste un pas majeur dans le développement de la technologie moderne de clé réversible.

Klaus Abend, Dieter Wienert, Johannes Filthaut (1987)

Désignation : serrure électronique Winkhaus
Inventeurs : En 1987, Abend, Wienert et Filthaut présentèrent pour Winkhaus un véritable système de fermeture électronique, l’une des premières solutions combinant de manière cohérente identification électronique, contrôle d’accès et verrouillage mécanique. Le système reposait sur : un clé électronique codée (première technologie transpondeur ou à puce), un lecteur électronique intégré dans le cylindre, une électronique de commande qui vérifie si la clé est autorisée, un mécanisme de verrouillage mécanique qui n’est libéré qu’après identification valide. Il s’agissait ainsi de l’un des premiers cylindres mécatroniques en Europe. Winkhaus fut l’un des pionniers de l’idée de fusionner technique de fermeture mécanique et contrôle d’accès électronique, bien avant que les « Smart Locks » ne deviennent un marché de masse. Le système était particulièrement intéressant pour :
- les installations de fermeture à autorisations évolutives,
- les entreprises et administrations,
- les grands ensembles résidentiels,
- les environnements nécessitant une protection contre la perte (clé perdue = immédiatement bloquée).

Serrures actuelles de ce type 
Le système Winkhaus de 1987 est considéré comme un précurseur direct des cylindres mécatroniques modernes. Ses successeurs sont aujourd’hui utilisés dans le monde entier :
- Winkhaus blueChip,
- systèmes Winkhaus X-tra,
- cylindres transpondeur et à puce modernes,
- installations de fermeture mécatroniques hybrides,
- profils d’accès horaires dans les entreprises et administrations. Le principe de base « verrouillage mécanique, autorisation électronique » est aujourd’hui la norme dans le contrôle d’accès moderne.

Lockpicking
• Exploitation des tolérances de fabrication
Comme pour les premiers systèmes électroniques, certaines variations existaient : sensibilité différente des points de contact ou bobines de lecture, légères variations dans le chemin d’insertion de la clé, petites différences de position des composants électroniques, temps de réaction variables de l’électronique de commande.
Ces tolérances entraînaient parfois des lectures erronées, mais n’offraient que rarement un angle d’attaque pour la manipulation.
• Retour mécanique Comme la vérification de sécurité est électronique, la serrure elle-même fournit : pratiquement aucun feedback mécanique exploitable, seulement un clic audible du moteur ou de l’aimant de libération, un changement de couple minime lors de la libération.
Pour une attaque par manipulation classique, les points d’appui étaient donc très limités. Seul l’élément de verrouillage purement mécanique en aval pouvait éventuellement être manipulé, mais uniquement après une identification électronique réussie.
• Usure en service L’usure concernait principalement : les contacts électriques, les zones de guidage dans le cylindre, les surfaces de clé (pour les clés hybrides), les verrous moteurs / magnétiques en cas d’utilisation intensive.
Le vieillissement pouvait engendrer des dysfonctionnements, mais rarement être exploité de manière ciblée pour une attaque.

Risque / Sécurité
Risque élevé : attaques destructrices :
forçage de la ferrure ou du bâti de porte, meuleuse d’angle, leviers, burins, attaque sur le matériau de la porte plutôt que sur la serrure.
Risque moyen : attaques partiellement destructrices :
perçage ou arrachement du module électronique, manipulation du moteur de libération par accès physique direct, fraisage du cylindre en l’absence de protection mécanique suffisante.
Risque faible : manipulation fine / attaques électroniques :
analyse du signal (possible sur les premiers systèmes non chiffrés), attaques par rejeu (replay) sur certains prototypes très anciens, exploitation d’erreurs de communication ou de perturbations de signal.

Conclusion
La serrure électronique Winkhaus de 1987 fut un jalon important de la technologie de contrôle d’accès. Avec la combinaison identification électronique + verrouillage mécanique, Abend, Wienert et Filthaut créèrent l’un des premiers cylindres mécatroniques d’Europe. Ses forces :
- gestion flexible des autorisations,
- protection élevée en cas de perte de clé,
- très peu de feedback manipulable.
Ses faiblesses :
- attaques destructrices,
- premiers modules électroniques peu protégés,
- perturbations électroniques liées au vieillissement.
Ce système est à la base de nombreuses solutions d’accès modernes et fait partie des innovations majeures des années 1980 dans la technique de fermeture.

Volker Ziegler (1988)

Désignation : système de fermeture électronique CES alpha
Inventeur : Volker Ziegler a développé en 1988 pour CES l’un des premiers véritables systèmes de fermeture électroniques en forme de cylindre : CES alpha. C’était l’un des premiers systèmes à combiner identification électronique et verrouillage mécanique dans le format compact d’un cylindre profilé – une véritable innovation des années 1980. Le système reposait sur : une clé électroniquement codée (technologie à puce ou transpondeur précoce), un module de lecture électronique directement dans le cylindre, une unité de commande intelligente qui vérifie l’autorisation, un noyau de pêne mécanique qui n’est libéré qu’après identification valide, la possibilité de désactiver par logiciel les clés perdues sans remplacer le cylindre. CES alpha fut ainsi l’une des premières installations de fermeture gérables numériquement, bien avant que le contrôle d’accès électronique ne devienne standard dans le bâtiment.

Serrures actuelles de ce type 
CES alpha n’est plus produit dans sa forme originale, mais son principe se retrouve intégralement dans les systèmes CES modernes. Successeurs actuels :
- CES OMEGA FLEX,
- CES OMEGA ACTIVE,
- CES eCLIQ / systèmes CLIQ électroniques (en coopération),
- cylindres mécatroniques et entièrement électroniques avec gestion en ligne et hors ligne.
Les éléments centraux – clé électronique, authentification électronique, verrouillage mécanique – proviennent directement de l’idée alpha de 1988. CES alpha est aujourd’hui considéré comme un précurseur des techniques de fermeture mécatroniques et électroniques modernes en Europe.

Lockpicking
• Exploitation des tolérances de fabrication
Comme pour les premiers cylindres électroniques, il existait certaines variations de production : sensibilité variable des contacts de lecture, portée différente du champ d’identification, positions légèrement différentes des composants électroniques, tolérances mécaniques légères dans la zone de combinaison électronique / mécanique.
Ces tolérances provoquaient parfois des erreurs de lecture ou une mauvaise reconnaissance, mais offraient peu de fenêtres d’attaque exploitable.
• Retour mécanique Comme CES alpha fonctionne principalement de façon électronique, les retours mécaniques sont minimaux : clic audible de l’élément de libération, légère variation du couple lors de la libération du noyau, aucun retour séquentiel exploitable comme sur les cylindres mécaniques.
Pour les manipulateurs, il y avait peu de choses à « sentir », la logique de sécurité se situant entièrement dans l’électronique.
• Usure en service L’usure touchait à la fois l’électronique et la mécanique : usure des contacts entre clé et unité de lecture (pour les clés hybrides), vieillissement des composants électroniques, fatigue du module de libération électromécanique, usure de la partie mécanique du noyau.
Le vieillissement pouvait provoquer des dysfonctionnements, mais rarement être utilisé de manière ciblée pour des attaques.

Risque / Sécurité
Risque élevé : attaques destructrices :
arrachement ou perçage de la ferrure, meuleuse d’angle, burins, barres à mine, attaque sur la porte ou le bâti plutôt que sur le cylindre.
Risque moyen : attaques partiellement destructrices :
perçage du module électro-mécanique, arrachement des modules électroniques frontaux, fraisage du cylindre sans ferrure de sécurité, accès direct à la mécanique de libération par une violence physique.
Risque faible : manipulation fine / attaques électroniques :
lecture de puces anciennes non chiffrées (pertinent pour les premiers prototypes), attaques par rejeu en cas de protocoles d’authentification faibles, perturbation de l’électronique par manipulation ciblée du champ.

Conclusion
Le système électronique CES alpha fut en 1988 un pas visionnaire dans la technique de fermeture. Volker Ziegler créa l’un des premiers cylindres profilés électroniques européens, combinant identification, gestion d’accès et mécanique dans un format qui reste aujourd’hui la référence. Ses forces :
- blocage immédiat des clés perdues,
- gestion flexible des autorisations,
- haute résistance aux méthodes de picking classiques.
Ses faiblesses :
- modules électroniques vulnérables aux attaques destructrices,
- protection limitée contre la violence brute,
- première génération de puces sans cryptographie moderne. CES alpha fait partie des jalons décisifs menant aux cylindres mécatroniques haut de gamme actuels.

Mijodrag Makivic (1992)

Désignation : cylindre moteur électronique EMZY d’EVVA
Inventeur : Mijodrag Makivic développa en 1992 pour EVVA l’EMZY, l’un des premiers cylindres de fermeture entièrement motorisés, qui ne se contentait pas de combiner mécanique et électronique, mais prenait en charge l’intégralité du processus de verrouillage. L’EMZY n’était pas une simple variante électronique d’un système mécanique, mais une approche totalement nouvelle : un moteur électrique intégré qui fait tourner le noyau de verrouillage de façon autonome, une unité d’identification électronique (transpondeur, puce ou système d’accès supérieur), un ensemble de capteurs qui contrôlent l’état de la clé, la position et l’angle de rotation, un verrouillage et déverrouillage automatiques, pilotés par l’électronique, optionnellement un journal d’événements et une connexion à des systèmes de gestion technique du bâtiment. L’EMZY est considéré comme un jalon de la mécatronique : il déplaça la responsabilité du processus de verrouillage de l’utilisateur vers le système, un pas déterminant vers les solutions d’accès automatisées modernes.

Serrures actuelles de ce type 
L’EMZY lui-même et ses successeurs sont toujours utilisés. Des versions modernisées existent sous forme de : - générations EVVA EMZY, - cylindres moteurs électroniques dans les installations de fermeture, - systèmes de portes anti-panique et d’accès motorisés, - solutions intégrées dans les architectures de gestion de bâtiment modernes. D’autres fabricants ont ensuite adopté des concepts similaires, mais EVVA reste l’une des références dans cette catégorie.

Lockpicking
• Exploitation des tolérances de fabrication Même les premiers modèles EMZY présentaient des tolérances dans :
- le montage du moteur,
- la position des capteurs,
- les courses de verrouillage,
- la transmission de force entre l’arbre moteur et le noyau du cylindre.
Ces tolérances pouvaient, dans le pire des cas, provoquer une mauvaise interprétation des états (par ex. « porte fermée » alors qu’elle est légèrement entrouverte), mais elles avaient peu de valeur pour la manipulation, le moteur et l’électronique contrôlant strictement le processus de verrouillage.
• Retour mécanique Comme l’EMZY n’est pas actionné mécaniquement de manière classique, presque tout retour de picking disparaît. Seuls restent :
- un léger bruit de moteur,
- une variation du couple lorsque le noyau est déplacé automatiquement.
Pour les attaques par manipulation, ces signaux sont sans intérêt ; sans libération électronique, le cylindre reste mécaniquement verrouillé.
• Usure en service L’EMZY présente les phénomènes typiques de vieillissement électromécanique :
- usure du moteur,
- usure des étages de transmission,
- capteurs ou contacts électroniques vieillissants,
- usure de l’accouplement mécanique.
Avec le temps, des dysfonctionnements peuvent apparaître (moteur bloqué, mauvaise interprétation de l’état de la clé, etc.), mais ils sont peu pertinents pour la manipulation.

Risque / Sécurité
Risque élevé : attaques destructrices :
attaque sur la ferrure ou le bâti de la porte, arrachement du cylindre, meuleuse d’angle, barres de levier, outils de frappe, perçage de la partie mécanique du verrou.
Risque moyen : attaques partiellement destructrices :
perçage des composants moteur / électronique, fraisage de la face du cylindre, retrait du module électrique par violence physique, accès à l’accouplement mécanique après destruction de la ferrure.
Risque faible : manipulation fine / attaques électroniques :
les attaques de type picking ou décodage sont pratiquement sans objet, le noyau ne pouvant pas être déplacé sans libération, attaques électroniques (analyse de protocole) théoriquement possibles sur les premiers modèles EMZY, mais extrêmement difficiles ; des signaux parasites pouvaient provoquer des dysfonctionnements, rarement des ouvertures.

Conclusion
Avec l’EMZY, Mijodrag Makivic a créé en 1992 l’un des premiers cylindres de fermeture entièrement motorisés, un système où la clé sert uniquement d’identifiant et où l’électronique gère le verrouillage proprement dit. Ses forces :
- très forte résistance à la manipulation,
- intégration flexible dans le contrôle d’accès,
- verrouillage automatisé,
- mécatronique intégrée.
Ses faiblesses :
- attaques destructrices sur la porte ou la ferrure,
- attaques matérielles sur le moteur et le corps du cylindre,
- vieillissement électronique à long terme. L’EMZY reste un jalon important de la technique d’accès motorisée et influence pratiquement toutes les architectures modernes de Smart Locks.

Günter Uhlmann (1996)

Désignation : cylindre électronique avec transpondeur
Inventeur : Günter Uhlmann développa en 1996 un cylindre électronique avec lecteur de transpondeur intégré, qui réunissait la technique de fermeture mécanique et électronique dans un format compact et adapté à la production de masse. Alors que les systèmes précédents nécessitaient souvent des lecteurs externes, des moteurs ou des modules additionnels, Uhlmann intégra :
- un lecteur de transpondeur directement dans la tête de cylindre,
- une électronique qui vérifie et autorise le transpondeur,
- une unité de libération électromécanique qui ne désaccouple le noyau qu’après identification réussie,
- un noyau de serrure mécanique classique, de sorte que les portes puissent être actionnées normalement avec une clé – mais uniquement après libération électronique.
Il en résulta un véritable cylindre mécatronique dont la forme, la taille et la pose se rapprochent fortement d’un cylindre profilé standard. L’approche basée sur le transpondeur était particulièrement intéressante pour :
- les complexes résidentiels,
- les entreprises,
- les installations de fermeture à autorisations dynamiques,
- les utilisateurs souhaitant une gestion électronique sans infrastructure compliquée.

Serrures actuelles de ce type 
Le principe de base de l’innovation d’Uhlmann est aujourd’hui largement utilisé et sert de fondement à de nombreux systèmes mécatroniques modernes. Successeurs et évolutions :
- CES OMEGA ACTIVE / ACTIVE 2,
- EVVA AirKey et systèmes hybrides AirKey,
- Winkhaus blueChip,
- cylindres mécatroniques DormaKaba,
- eCLIQ / systèmes CLIQ électroniques,
- nombreux cylindres modernes à transpondeur.
Le principe « transpondeur autorise, mécanique verrouille » reste l’un des concepts dominants sur le marché de la fermeture électronique.

Lockpicking
• Exploitation des tolérances de fabrication
Comme pour les premiers cylindres mécatroniques, il existait des variations : portée variable du capteur de transpondeur, légers écarts de position de l’antenne, petites différences dans l’accouplement entre électronique et noyau mécanique, tolérances au sein de la mécanique à goupilles (si utilisée).
Ces écarts pouvaient provoquer des erreurs de lecture, mais offraient rarement de véritables angles d’attaque.
• Retour mécanique En raison de la libération électronique, on ne dispose, sans transpondeur valide, d’aucun : jeu de rotation exploitable, point de calage, chemin d’attaque mécanique.
Après libération, le cylindre se comporte comme un noyau mécanique normal, mais la manipulation n’a alors plus de sens.
• Usure en service La double technologie électronique + mécanique entraîne un double vieillissement : éléments de transpondeur ou antennes vieillissants, composants électroniques anciens, usure mécanique du noyau, usure de l’accouplement.
Point clé : l’usure accroît le risque de dysfonctionnement, mais non la possibilité de manipulation.

Risque / Sécurité
Risque élevé : attaques destructrices :
forçage de la ferrure ou du bâti, meuleuse d’angle, barres à mine, violence mécanique, traction ou arrachement de l’ensemble du cylindre.
Risque moyen : attaques partiellement destructrices :
perçage des modules électroniques, fraisage du cylindre, attaque sur l’accouplement mécanique après retrait de la tête de cylindre, court-circuit ou destruction mécanique de l’unité de libération.
Risque faible : manipulation fine / attaques électroniques :
copie de transpondeurs (sur les anciens modèles non chiffrés), attaques par rejeu avec protocoles simples, manipulation par signaux de perturbation (ex. blindage), la manipulation mécanique classique est inutile tant que la libération fait défaut.

Conclusion
Le cylindre électronique à transpondeur de Günter Uhlmann (1996) fut une étape décisive vers les cylindres mécatroniques modernes. Il combina pour la première fois de manière compacte :
- identification électronique,
- verrouillage mécanique,
- aptitude aux installations de fermeture modulaires.
Ses faiblesses ne résidaient ni dans la mécanique ni dans l’électronique en soi, mais dans : attaques destructrices sur la porte / la ferrure, premières technologies de transpondeur non chiffrées, vieillissement des composants électriques. Le principe de base se retrouve aujourd’hui dans la plupart des systèmes d’accès modernes et constitue le socle de nombreux cylindres électroniques leaders du marché.

Ludger Voss et Herbert Meyerle (1997)

Désignation : cylindre électronique SimonsVoss système 3060
Inventeurs : Ludger Voss et Herbert Meyerle développèrent en 1997 le système 3060 de SimonsVoss, l’un des premiers systèmes de fermeture entièrement numériques, à batterie, au format cylindre profilé. L’innovation était particulièrement marquante, car la serrure : fonctionnait entièrement sans câbles, intégrait l’alimentation par batterie dans le bouton de cylindre, utilisait une clé RFID ou transpondeur comme support d’identification, libérait un accouplement électromécanique après autorisation réussie, pouvait s’intégrer parfaitement dans des systèmes de contrôle d’accès numériques. Le système 3060 fut ainsi l’un des premiers systèmes de fermeture gérables à la fois en mode hors ligne et en ligne, sans câbles, sans cylindre moteur, sans alimentation externe. Ses caractéristiques principales : gestion numérique des autorisations, blocage immédiat des clés perdues, journalisation complète (selon modèle), format extrêmement compact, modularité élevée pour les grandes installations de fermeture. Ce système devint très rapidement la référence dans les environnements professionnels et administratifs.

Serrures actuelles de ce type 
Le système 3060 de SimonsVoss reste aujourd’hui l’un des systèmes de fermeture numériques les plus répandus au monde. Successeurs et versions modernisées :
- SimonsVoss 3060 (différentes générations),
- système SimonsVoss AX,
- SmartHandles numériques,
- passerelles radio et solutions Online intégrées,
- logiciels d’accès « LDB / WaveNet / SmartIntego ».
Le principe – cylindre électronique sans fil, alimenté par batterie – est désormais un standard mondial, basé sur l’architecture 3060.

Lockpicking
• Exploitation des tolérances de fabrication
Le système 3060 présente lui aussi certaines variations : portée de l’antenne RFID légèrement variable, tolérances dans la position de l’accouplement, différences dans les ressorts et éléments magnétiques du bouton, sensibilité de détection variable sur certains anciens transpondeurs.
Ces tolérances entraînent principalement des erreurs d’interprétation (par ex. clé non reconnue) – et non des ouvertures non autorisées.
• Retour mécanique Comme le cylindre reste bloqué sans libération électronique, il n’existe pratiquement aucun feedback de picking : aucun point de calage, aucun jeu de noyau, aucun signal d’ouverture par couple.
La mécanique ne fonctionne qu’après libération électronique, rendant les méthodes classiques de manipulation pratiquement sans effet.
• Usure en service L’usure concerne surtout : les contacts de batterie et l’électronique, l’accouplement électromagnétique, la mécanique du bouton, le système de transpondeur sur les anciennes générations.
Avec le temps, la probabilité de dysfonctionnements augmente plutôt que les chances de manipulation.

Risque / Sécurité
Risque élevé : attaques destructrices :
forçage de la ferrure ou du bâti, violence mécanique sur le bouton, meuleuse d’angle / burin / outils de frappe, arrachement ou extraction complète du cylindre.
Risque moyen : attaques partiellement destructrices :
perçage ou destruction de l’électronique du bouton, fraisage du cylindre en l’absence de ferrure de protection, accès physique à l’unité d’accouplement après destruction de la ferrure, interruption de l’alimentation par endommagement du bouton.
Risque faible : manipulation fine / attaques électroniques :
copie de transpondeurs anciens non chiffrés (plutôt théorique, pratiquement rare), attaques par rejeu sur les toutes premières versions, signaux de perturbation affectant le lecteur (la plupart du temps inefficaces), les méthodes classiques de picking sont totalement hors sujet.

Conclusion
Le système 3060 de SimonsVoss fut en 1997 l’une des innovations majeures du contrôle d’accès moderne. Voss et Meyerle conçurent un système de fermeture :
- totalement sans fil,
- alimenté par batterie,
- administrable numériquement,
- extrêmement résistant à la manipulation,
- mécaniquement plus fiable que beaucoup de systèmes précédents.
Les faiblesses ne résident pas dans la technologie elle-même, mais dans :
- les attaques destructrices,
- l’insuffisance de la ferrure ou de la porte,
- le vieillissement des composants électroniques.
Le système 3060 reste une référence et constitue la base technique de nombreux cylindres numériques et architectures de Smart Building actuels.

Kwikset (1998)

Désignation : système de serrure à accès à distance
Inventeur : Kwikset, fabricant américain de serrures et de produits de sécurité. En 1998, Kwikset lança l’un des premiers systèmes de serrure à accès à distance – un précurseur des Smart-Locks modernes. Contrairement aux cylindres mécaniques ou mécatroniques classiques, Kwikset utilisa pour la première fois une télécommande et des signaux radio pour verrouiller ou déverrouiller les portes. Le système reposait sur : une télécommande sans fil qui envoie un signal radio autorisé, un moteur électrique dans la serrure qui déplace le pêne, un circuit de commande qui vérifie le signal radio et libère le moteur, une mécanique de secours toujours actionnable par une clé.
Cette construction fut un jalon, car elle équipa pour la première fois des habitations privées de fonctions d’ouverture à distance – bien avant la généralisation des solutions Smart-Home. Kwikset combina ainsi confort (ouverture à distance) et sécurité mécanique de base.

Serrures actuelles de ce type 
Les premiers systèmes d’accès à distance de Kwikset sont des précurseurs directs des Smart-Locks modernes. Successeurs et évolutions :
- série Kwikset SmartCode,
- Kwikset Kevo (Bluetooth),
- Kwikset Halo (Wi-Fi),
- modèles compatibles Z-Wave et ZigBee,
- serrures motorisées modernes avec application et connexion Cloud.
Le système d’accès à distance de 1998 fut une étape déterminante vers les solutions d’accès connectées actuelles.

Lockpicking
• Exploitation des tolérances de fabrication
Les premières serrures radio présentaient les tolérances typiques : sensibilité radio différente, blindage de fréquence variable, imprécisions dans le positionnement du moteur, écarts de fabrication dans la mécanique du pêne.
Ces variations provoquaient surtout des problèmes de fonctionnement, mais rarement de vraies possibilités de manipulation – les enjeux de sécurité étaient limités.
• Retour mécanique Comme le pêne est déplacé électriquement, les signaux de manipulation classiques sont quasiment inexistants : aucun jeu de noyau exploitable, aucun feedback de calage comme sur les systèmes à goupilles, simple bruit du moteur à l’ouverture.
Les attaquants ne pouvaient en déduire aucune information codée. Sans signal électronique, la serrure restait mécaniquement bloquée.
• Usure en service Points de faiblesse typiques : paliers moteur, axes de transmission, contacts de batterie et d’électronique, module de réception radio.
Avec l’âge, des dysfonctionnements étaient plus fréquents, sans pour autant rendre la mécanique plus manipulable.

Risque / Sécurité
Risque élevé : attaques destructrices :
forcer la porte ou le bâti, meuleuse d’angle, barres à mine, burins, arrachement ou destruction du bloc moteur.
Risque moyen : attaques partiellement destructrices :
ouverture du boîtier et manipulation de l’électronique, court-circuit du moteur, fraisage de la zone du pêne, manipulation de la batterie pour perturber le système.
Risque faible : manipulation fine / attaques radio :
attaques par rejeu (replay) sur les premiers systèmes radio non chiffrés, copie de télécommandes simples, perturbations radio légères, tentatives de picking classiques sur le cylindre de secours (selon le modèle).

Conclusion
Kwikset a posé en 1998, avec son système de serrure à accès à distance, les bases de la technologie Smart-Lock moderne. Pour la première fois, le verrouillage fut commandé sans fil, alors qu’une ouverture mécanique de secours restait possible. Ses points forts :
- grand confort d’utilisation,
- forme précoce de contrôle d’accès sans fil,
- combinaison électronique + mécanique.
Ses faiblesses :
- premiers protocoles radio parfois non chiffrés,
- vulnérabilité aux attaques matérielles sur le moteur / mécanisme,
- forte dépendance à l’état de l’électronique.
Malgré ces limites, le système de Kwikset fut un pionnier technologique et un précurseur des solutions d’accès connectées aujourd’hui répandues dans le monde entier.

Winkhaus (1999)

Désignation : système de fermeture Winkhaus BlueChip
Inventeur : Winkhaus lança en 1999 le système BlueChip – un système de fermeture électronique basé sur la technologie transpondeur sans contact, suffisamment compact pour être intégré dans un cylindre profilé standard. BlueChip fut l’un des premiers systèmes de fermeture électroniques vraiment adaptés au grand public, pouvant fonctionner entièrement hors ligne, sans câbles et sans cylindre moteur. Le système reposait sur :
- un transpondeur sans contact qui transmet son identité par radio,
- une antenne et une unité d’évaluation intégrées dans le cylindre,
- un accouplement électromécanique qui n’est libéré que par un transpondeur valide,
- un noyau de cylindre mécanique classique, actionné normalement après libération.
Point particulier : BlueChip combinait la flexibilité des autorisations électroniques avec la fiabilité des cylindres mécaniques, et s’avéra nettement plus robuste que de nombreux systèmes antérieurs.
Il était adapté à :
- petites et grandes installations de fermeture,
- ensembles résidentiels,
- bâtiments d’entreprise et administratifs,
- zones d’accès à autorisations changeantes.

Serrures actuelles de ce type 
BlueChip fut un socle important pour de nombreux systèmes Winkhaus modernes et est encore utilisé aujourd’hui dans diverses versions évoluées. Successeurs / lignes actuelles :
- Winkhaus BlueSmart,
- Winkhaus BlueCompact,
- cylindres de fermeture transpondeur optimisés au format profilé,
- installations de fermeture hybrides hors ligne / en ligne via passerelles.
Le « principe BlueChip » – transpondeur autorise, accouplement libère – reste l’un des concepts d’accès centraux chez Winkhaus.

Lockpicking
• Exploitation des tolérances de fabrication
Le système BlueChip présente quelques variations tolérance-dépendantes : portée du transpondeur, position de la bobine d’antenne, petits jeux dans l’accouplement électromécanique, différences de temps de réaction de l’électronique.
Ces variations entraînent rarement des conséquences critiques en matière de sécurité – elles provoquent plutôt des problèmes de reconnaissance ou des retards de libération.
• Retour mécanique BlueChip bloque totalement le noyau du cylindre tant qu’aucun transpondeur valide n’est reconnu. Il n’y a donc : aucun point de calage, aucun jeu de noyau, aucun feedback de picking classique.
La manipulation mécanique est donc pratiquement inefficace.
• Usure en service BlueChip présente les effets d’usure habituels des cylindres hybrides électroniques / mécaniques : vieillissement des contacts ou des bobines, usure de l’accouplement, usure du noyau mécanique, vieillissement des batteries sur certains composants du système (selon la version).
L’usure augmente davantage la sensibilité aux pannes que la manipulabilité.

Risque / Sécurité
Risque élevé : attaques destructrices :
forçage de la porte, attaque sur la ferrure ou le bâti, arrachement ou extraction du cylindre, utilisation de meuleuse d’angle, burin ou outils lourds.
Risque moyen : attaques partiellement destructrices :
perçage de la face électronique (possible sur les premières versions), retrait du module de lecture, fraisage de la face du cylindre en l’absence de ferrure de protection, accès forcé à l’accouplement après destruction mécanique.
Risque faible : manipulation fine / attaques électroniques :
copie de transpondeurs sur certaines premières générations BlueChip à codage simple (théoriquement possible), attaques par rejeu sur les premiers protocoles, perturbation du signal, manipulation mécanique classique quasiment impossible.

Conclusion
En 1999, Winkhaus BlueChip fut l’un des premiers systèmes de fermeture électroniques réellement adaptés à la pratique dans le format cylindre profilé. Il alliait élégance, simplicité et fiabilité et offrait une forte résistance à la manipulation, tout en permettant une structure de gestion très flexible.
Ses atouts :
- technologie transpondeur sans contact,
- accouplement électromécanique robuste,
- blocage immédiat des transpondeurs perdus,
- résistance marquée aux manipulations.
Ses faiblesses :
- comme pour tous les cylindres : attaques sur la porte / la ferrure,
- premières générations électroniques parfois sans cryptographie forte,
- attaques matérielles toujours possibles.
BlueChip fait partie des systèmes fondateurs du contrôle d’accès électronique moderne et a été déterminant pour la gamme actuelle de produits Winkhaus.

À partir de 1999

À partir de 1999, l’évolution s’est nettement accélérée. La mécanique est restée importante, mais l’électronique a de plus en plus pris le dessus. Technologie radio, transpondeurs, systèmes de fermeture numériques : beaucoup de ces solutions étaient d’abord réservées à des domaines spécialisés, aujourd’hui elles sont déjà souvent devenues la norme.

Ce qui s’est particulièrement dégagé durant cette période : les progrès les plus marquants n’ont pas eu lieu sur le cylindre de porte classique, mais dans le domaine automobile. Autrefois, les voitures étaient ouvertes par la force brute. Aujourd’hui, on parle de Rolling Codes, de signaux chiffrés et de scénarios d’attaque qui ressemblent davantage à de la cybersécurité qu’à une simple ouverture de serrure. Le saut est immense, et je suis convaincu qu’il va encore s’amplifier.

Pour les prochaines années, je vois trois lignes claires.

Premièrement : la mécanique restera présente, mais passera de plus en plus à l’arrière-plan.
Deuxièmement : les véhicules continueront de porter l’innovation, car la pression économique y est la plus forte.
Troisièmement : les attaques deviendront plus numériques, et les mécanismes de défense devront donc venir davantage de l’informatique.

Le secteur se trouve à un point où la serrure n’est plus seulement une serrure, mais un système. Et c’est précisément là que les choses deviennent intéressantes – parce que nous n’en sommes encore qu’au début.

A propos de la personne

Lars Buchwald fait partie intégrante de l'équipe Multipick depuis 2006, où il se consacre avec passion et compétence au marketing et au graphisme. Graphiste et rédacteur publicitaire de formation, il apporte à son travail une richesse d'expérience et de créativité qui lui permet de transmettre les messages de ces outils ingénieux de manière attrayante et convaincante. C'est avec un sens aigu des besoins du groupe cible qu'il préside aux destinées du marketing de Multipick. Son engagement se caractérise par une grande sensibilité et le bon richer au bon moment. Originaire de Bonn, Lars est non seulement étroitement lié à la région, mais il a également intégré sa passion pour la commercialisation d'outils à lance dans son activité professionnelle. Son attachement à la ville se reflète dans son travail et confère à ses campagnes de marketing une touche authentiquement bonnoise.

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FAQ – Tout ce qu’il faut savoir

1. Comment naît une nouvelle idée d’outil chez Multipick ?

Tout commence souvent par des observations faites sur le terrain, dans la communauté ou lors de nos propres tests. Dès que nous remarquons qu’un problème revient régulièrement – manque de stabilité, sensibilité insuffisante ou ergonomie perfectible –, cela devient le point de départ d’un nouveau concept. Le bricolage devient un projet uniquement lorsqu’il est clair que l’outil devra offrir un avantage mesurable en situation réelle.

2. Pourquoi les développements prennent-ils parfois autant de temps ?

Parce qu’un prototype peut sembler parfait en laboratoire, mais réagir tout autrement dans des conditions exigeantes. Les matériaux se déforment, la géométrie de la poignée ne convient pas toujours, et les tolérances doivent être ajustées avec précision. Nous testons donc en plusieurs cycles avant de lancer la production. Aller vite, c’est bien, mais un outil qui échoue sur le terrain n’est pas une option.

3. Quel rôle joue le retour d’expérience des professionnels et de la communauté du lockpicking ?

Un rôle essentiel. Beaucoup d’avancées naissent grâce aux retours honnêtes de ceux qui utilisent nos outils. Pompiers, serruriers, autorités ou pickers expérimentés révèlent des faiblesses qu’aucun test en laboratoire ne peut montrer. Ces connaissances pratiques influencent directement la forme, les matériaux et le principe fonctionnel de nos outils.

4. Comment Multipick transforme-t-il un prototype en produit commercialisable ?

Ce n’est qu’une fois qu’un prototype réussit tous les tests de charge, offre une bonne sensibilité et fonctionne de manière fiable en pratique qu’il passe à l’étape de la micro-mécanique. Là, nous définissons les matériaux, optimisons les procédés de fabrication et fixons les tolérances. L’objectif : un outil reproductible, précis et durable – pas un prototype chanceux.

5. Pourquoi Multipick accorde-t-il autant d’importance au Made in Germany ?

Parce que cela nous donne un contrôle maximal sur la qualité, la précision et la longévité. Des circuits courts, une coordination étroite avec la production et l’accès à des techniques de fabrication hautement précises nous permettent de créer des outils fiables pendant des années. Pour les professionnels et les services d’intervention, c’est un facteur déterminant.

6. Qu’est-ce qui distingue un bon pick ou un bon outil d’ouverture d’un outil vraiment exceptionnel ?

Souvent, ce sont les détails : la finesse du retour dans la poignée, la façon dont le matériau réagit sous la contrainte, la propreté des arêtes, ou encore l’ergonomie générale. Un outil d’exception paraît immédiatement juste en main – et le reste après des centaines d’utilisations.

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Des deux. Certaines avancées deviennent possibles grâce à de nouvelles technologies de fabrication. D’autres commencent par une remarque simple venue du terrain : « On devrait pouvoir faire mieux. » Les meilleurs produits unissent potentiel technique et utilité concrète.

8. Pourquoi de bonnes idées échouent-elles parfois malgré un bon départ ?

Parce qu’une innovation ne fonctionne pas toujours dans la réalité. Certains matériaux réagissent différemment que prévu, certains designs manquent de contrôle ou de retour tactile. Un échec n’est pourtant pas une perte : il mène souvent à l’étape décisive suivante.

9. Comment reconnaître qu’un nouvel outil est un véritable « breakthrough » ?

Lorsqu’il résout durablement un problème existant tout en améliorant la prise en main. Un vrai progrès se voit quand les professionnels ne veulent plus s’en séparer – et qu’il offre un meilleur résultat sous charge que tout ce qui existait avant. La popularité ne suffit pas : c’est la fiabilité qui fait la différence.

10. Quelle philosophie guide le développement technique chez Multipick ?

Nous concevons des outils destinés à des personnes qui doivent travailler vite et avec précision dans des situations critiques. Le bricolage ne suffit pas : chaque détail doit avoir un but. Notre objectif : une précision fine-mécanique, une sensibilité maximale et une robustesse qui reste fiable même sous stress.